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Message  david Lun 28 Juin - 22:00

On parle fresque. Ça commence justement par un morceau qui parle peinture et accessoirement voiture, glandes (lacrymales) et testicules (clin d’œil au cremaster popularisé par Matthew Barney). C’est "Facel Vega", un classique issu du premier album. Scénarisé comme un court-métrage, il trouve toujours une place de choix dans leurs sets. La relecture qu’ils en donnent ce soir sonne un peu "vieux rock", dixit la Pigeonne. Le groupe reprend du poil de la bête et rentre vraiment dans le show avec "Botox Planétaire". Très imagé lui aussi (et pour cause, il est question d’annoncer le grand feu d’artifice, l’apocalypse), le sommet introductif de L’Amourfol déride tout sur son passage. Emmené par un riff monstre tourneboulant sur lui-même et un cut up cinglant sautant du coq à l’âne, il transporte de concert le public et son chanteur. "A Kick in the sky / Devenir quoi / A Kick in the sky / Quoi devenir" Philippe s'interroge et finit fulguro-poing levé par tempêter en boucle : "Ciel Total Final, Fiel
Total Finish" et de clore, biblique : "Vous serez sauvés comme à travers le feu. Vous serez sauvés comme à travers la fin !"

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Goldorak et Rambo style
Bon moment pour balancer le rude et véhément : "Roulette Russe et Poing Américain". Texte parlé-heurté taillé à la serpe et rythmique rock qui roule des mécaniques, ce nouveau morceau c’est du Tanger Rambo style, qui prend le maquis, mitraille et punch, peintures de guerre à l’appui. "C’est du Doors, rétorque la Pigeonne. Ce morceau reprend la ligne de guitare du L.A. Woman des Doors. Une guitare dont le riff particulier avait pour but de retranscrire la sensation d'une voiture débitant de l’asphalte. La sensation de vitesse des bandes jaunes défliant sous elle." Hum, isn’t it pornographic ? Tanger plonge alors dans le temps d’avant La Mémoire Insoluble et en ressort la coquine "Ebony". Une habituée de la scène celle-là. Une exquise fantaisie pop érotisante, très Gainsbourg-Bashung dans l'esprit. Très Polnareff aussi. Dandy, libertine. Déboule "Météorites", deuxième nouveauté qu’on reconnaît d’emblée, buzzée qu’elle est depuis quelques jours sur leur Myspace, et parce qu’elle avance sur une étonnante mélopée électro-jungle dont les sensuelles dissonances s'inscrivent profondément dans le cerveau. On dirait le bourdonnement d’une immense salle des machines à deux doigts de la surchauffe. Des machines qui tiendraient comme le monde par les couilles. Le magma entrechoque d'orientales atomes. Là-dessus Philippe se fait Goldorak, jette des phrases platement emphatiques sur une histoire mêlant fin du monde et quête d'amour fou. "On n'évitera pas les météorites / Qui pourraient bien un jour nous tomber sur la terre / Comme au ciel / Donnez-nous encore quelques aujourd'hui / On vous laissera demain." Usant et abusant d'une écriture cut up qui cherche l'image à tout prix, il lâche les mots faussement au pif : "La chute de l'empire / La fin des dinosaures / De la tirelire". Son loto verbal mime les fulgurances au lieu d'en produire. C’est poussif, maladroit. Mais bizarrement (vertu de la musique qui nous les rentre dans le crâne ?) on s’y attache. La troisième nouveauté, sobre, folk, gère une accalmie sur le thème du refus de se réveiller. De ne pas vouloir grandir ? C’est rêveur, naïf, mielleux. Le premier rang accroche. Bras levés. Une quatrième nouveauté surgit : "La fée de la forêt". On hallucine ! C’est quoi ce bin's ? Un morceau Télétubbies pour triper sous champi ? Tanger la joue Lewis Caroll grand guignol avec cette scie techno-rock totale perchée, genre Billy Ze Kick "Mangez-moi". Schtroumpfalors, c’est à n’y rien comprendre ! Surtout qu’on marche. Philippe chante avec une bouille de psilo smilant jusqu’au ciel et on le suit bras dessus bras dessous dans sa mélodie de grande fête elfique. L’ambiance est plus chaude qu’à la frigide Scène Bastille. Il en profite : "Allez dire à l’industrie du disque qu’on attend qu’elle dessaoule"

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Forêt, ciel et baise
Le groupe poursuit son trip hippie-psyché avec "Chrysler", une reprise seventies du méconnu Dashiell Hedayat qui va comme un gant à Tanger. Sex-symbol déjanté, Maison Bleue sur essieu, cette Chrysler "rose" leur en fait voir de toutes les couleurs – forêt, ciel, baise – et Philippe l'étreint avec fougue, exulte : "J’ai une Chrysler au fond de la cour, elle ne peut plus rouler mais c’est là où je fais l’amour". Elle rouille, amasse la mousse, "deux de ses roues sont voilées", sa "capote est déchirée", elle est "salement défoncée. Mais on est tous défoncés !" Et ça décolle. Retour en terrain calme et connu avec l'élégantissime slow qu'est "Barfleur". Il tangue à merveille sur sa langue de velours, même s'il est joué plus sombre qu'à l'accoutumée. Suit une reprise surprise avec Nana Bonaparts, la nana des Bonaparts (groupe qui a assuré la première partie). À quoi voit-on que Tanger fait mouche ? On ne distingue presque pas ses covers de ses propres morceaux. Tout fait bien corps. Comme d’un même délire, d’une même époque. Cinquième nouveau morceau : un rock dopé d’un beat techno, qui ne prend pas trop. Philippe s’en rend compte. "C’est nouveau pour nous. On est un peu confus, on avoue." Autre sommet de L’Amourfol, "Nuit de Rêve" n'est pas des morceaux qui pâlissent une fois sur scène. Rock, funk, opiacé, powerful, celui-ci semble taillé pour. Ce soir, les honneurs sont pour lui. Il s'irise et le finish est grandiose, la trompette se mêle au maelström incantatoire et tectonique des autres instruments. Libéré de tout chant, Philippe n’a plus qu’à danser drapé dans ce sublime cataclysme. Il improvise, rap : "Get yourself connected / The writing’s on the wall / But if your mind’s neglected / Stumble you might fall", des paroles qui nous sont familières bien que la référence nous échappe (renseignement pris, il s’agit de "Connected", tube de 1993 des Stereo MC’s). La musique continue d’enfler dans tous les sens, d'étendre ses ramifications qui pourraient donner lieu – on imagine – à toutes les connections, toutes les improvisations possibles. Tout cela shoote si haut que sur notre petit nuage l'inquiétude nous rattrape par le col : comment le prochain album va-t-il pouvoir rivaliser avec de telles prouesses ?

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A kick in the sky
Rappel. Tanger livre un inédit : un instru de pure transe orientale à base de percus frénétiques. Elles soufflent sur les braises sur lesquelles repose le groupe, exhument ses fondations et fantômes, ce foisonnant métissage africain-free-jazz qu'il avait embrassé en 1995 en rencontrant au Maroc The Master Musicians of Joujouka, et qu’il a depuis 2000 quelque peu remisé au placard. S’en suit un morceau "à la mémoire d'Alice Coltrane parti il n’y a pas longtemps". C’est "L’immodeste Attitude", fantastique morceau de leurs débuts justement. Toujours repris sur scène, il n’en finit pas de se bonifier. Ce soir, c’est l’extase. Comme pour "Nuit de Rêve", "L'Immodeste Attitude" s'envole, se passe quasiment de paroles. Philippe n'est plus que ce petit homme perdu au centre de la scène ébahis par le raffut de ses petits camarades. Il se laisse aller, danse, lance ses bras au ciel, comme s'il sculptait cette montagne d’influences et de fantômes qui trônent au-dessus de leurs têtes. Comme s’ils étaient là "Ingrid Caven, Gilbert Lely, Miles Davis, Alan Vega... Alain Bashung, Jacques Vaché, Chan Marshall, Jean-Jacques Schuhl, John Coltrane… Leonard Cohen, Antonin Artaud, Johnny Cash… Beth Gibbons, Jean Eustache, Fred Poulet... Friedrich-Wilhelm Murna... Sébastien Tellier... Ennio Morricone, Manuel Joseph… Gilles Tordjman, John Cale, Radiohead, Serge Gainsbourg, Scott Walker... Nico... Brian Jones... Jean-Louis Murat, Pascal Quignard, Matthew Barney, Ray Davies… Robert Wyatt, Pierre Michon, Ian Brown... Sun Ra... Sylvia Kristel, Gaspard Noé... Rodolphe Burger, Hunter S.Thompson, Patrick Dewaere, Balthus... David Sylvian, John Barry", tous ces gens – et j'en passe – qu'il adore et dont il revendique l'influence. Ils sont tous là et il les brasse, les distille, s'en détache. Toute cette Mémoire Insoluble, il essaie d'y donner l'ultime "Kick in the sky" pour y percer Le Détroit secret qui le mènera au cœur, éclair de L’Amourfol. Mais c'est Christophe – héro de la soirée – qui porte l'estocade. Au moment où le morceau s'apprête à basculer en s'accélérerant au son d'une féria, il plante un long solo psychopathe – véritable coup de marteau piqueur – qui terrorise le public de la tête aux pieds. C'est une minute de pur génie. Et de sauvagerie. Un instant d'éternité dont on ressort littéralement sonné. Les lumière se racontent. Comment raconter ça aux copains qui sont restés côté bar à deviser de tout et de rien, et à la Pigeonne parti les rejoindre à mi-course ?

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On rassemble nos esprits et se dirige côté bar. En chemin, on croise un pote fan du groupe encore sous le choc de "L’Immodeste Attitude". Son envergure. (Qu'il se réjouisse, ce morceau figurera, réarrangé, dans le prochain album.) Il regrette que Le Détroit ait été encore le grand absent de ce soir. "Botox", "Nuits de Rêves", rien à redire, le kif. Mais il aurait bien troqué quelques "Météorites" contre certains morceaux de ce deuxième album. "Météorites" ? Il n’a pas aimé. Trop zarbe, pour lui. En ce qui me concerne, c’est pourtant celui-là que je retiens, dans les nouveaux morceaux en tout cas. Pour moi, c'est de loin le plus abouti, original, majestueux, malgré mes quelques réticences. Effusion futuriste. Rêve d’apoca-lips. Empire de la chute et chute de l’empire. "Météorites" rappelle "Botox" avec sa "longue progression haletante, à base de motifs synthétiques se répétant et se déformant jusqu’à une inéluctable déflagration sonique" (dixit Philippe). Mais aussi "Idioteque" et "Sit down. Stand up" de Radiohead. En quête d’inspiration, Tanger a cette paranoïa de secours qui fait rejaillir sa marotte préférée : la fresque de fin du monde. C’est sa tasse de thé, sa potion magique, sa magique madeleine. Un coup de barre ? Une fin du monde et ça repart ! Il s’y penche, y trempe lèvres, nez, tête et corps par-dessus tête s’y noie, dissout, grandit de grands mouvements, ébahi… Cette marotte est à double tranchant. Une de ses bouchées peut vous donner du coffre, la suivante vous ôter toute consistance. Il ne faut pas en abuser. Sur "Météorites", Philippe y mord pour faire cracher un feu d’artifice à son cerveau quémandeur de collyre et de collisions de génie. Collisions ? Collyres ? Feu ? Artifice ? Il faut choisir…


"Quoi devenir ?" TANGER Bbsdre11

Condition humaine
""Météorites" a été composé lors de la même session d’enregistrement que "Roulette Russe et Poing Américain", en avril 2005", explique-t-il. Tout est parti d’un instrumental de Christophe et d’un lapsus d’Hubert Reeves ! Oui, vous avez bien lu, l’astrophysicien. Lors d’une émission, sa cervelle a fourché, lui faisant dire qu’une météorite pourrait bien nous tomber sur "la terre !" Ni une ni deux, Philippe a saisi l’erreur (humaine) au vol et v’la t’y pas qu’aujourd’hui ce titre constitue "le maître étalon de l’album à venir". Véritable cadeau du ciel, Philippe en aurait tiré matière pour un disque entier. Bluffe-t-il ? Mick Jagger disait : "L’important n’est pas la musique, mais l'histoire qu'on va pouvoir raconter aux journalistes." Sur son site, Philippe a préparé un petit texte pour nous en parler en personne. Il nous fait entrer dans la danse : "Hier la crainte d’une collision avec une météorite était une préoccupation de gaulois craignant que le ciel ne leur tombe sur la tête. Aujourd’hui, c’est une menace prise au sérieux par des scientifiques. La question n’est pas de savoir si cela va arriver mais quand. Et cette menace s’ajoute à d’autres dont les conséquences s’avèrent chaque fois plus dramatiques : catastrophes naturelles, accidents industriels, actes de terrorismes… Un des données qui comme le développement des manipulations génétiques, la modification profonde du rapport à l’espace et au temps, les changements climatiques, définissent peu à peu et irrémédiablement une nouvelle condition humaine. Ce sont les contours de cette nouvelle condition humaine qui se sont naturellement imposés comme terrain d’exploration pour le cinquième album de Tanger."




We are your friend
Tout cela est bien beau, avec ses grands airs de film catastrophe, mais la cata c'est que nous sommes le 17 février 2007, 23h30, et les nouveaux morceaux ont beau être prêts, Tanger est toujours sans label, comme un exil sur son propre sol. Ce n’est donc pas demain la veille qu’ils seront prophètes en leur pays. Nous sommes le 17 février 2007, 23h30, et ce n’est pas ce soir que j'aurais été prophète pour mes amis. Je me faisais une joie de leur faire découvrir Tanger. Je les retrouve au bar et me rend compte que le truc leur est passé à dix milles. Qu'ils n'ont rien calculer. Je tente un truc, lâche une connerie histoire de générer du retour : "Hé ! Vous avez loupé quelque chose ! Je veux dire, niveau rock en France, voilà, y'a Noir Désir et y'a Tanger !" Je fais un bide. Excepté du côté de la Pigeonne qui, fan de longue date de la bande à Cantat, a limite envie de me mordre pour oser dire ce que j'ai dit. Comme quoi des fois ça sert de dire des bêtises. Des bêtises ? A ce moment-là, j'ai l'intuition de ne pas tout à fait dire une bêtise. Mais je ne trouve rien à redire. Pas le moment, ni l'endroit d'argumenter. Les bières font place. Et la Pigeonne me fait rire. "Regarde, me dit-elle, y'a Philippe Pigeard là. On dirait un chanteur de YMCA avec son chapeau, sa veste militaire et ses lunettes fumées !" "Oui, dis-je. Peut-être veut-il rivaliser de style avec les gamins super fringués du Triptyque. (Ou se la jouer top kitsch comme Polnareff en son temps). Torse poil, Christophe prend moins de risque." Elle me demande si je veux aller lui parler, mais ce n'est ni le moment, ni l'endroit. Trop tôt. Le Truskel nous attend pour finir la soirée en chantant les vieilleries brit pop de nos 15 ans ("Common people" de Pulp) et les derniers cris à la mode ("We are your friend" de Justice). Mais quelque chose comme une "lettre à Tanger" me trotte déjà dans les neurones. Souhaite que j'ouvre mon cœur et que je l'expose à la folie des grandeurs.


Postcardiogramme
Tanger occupe une place importante, bien qu'underground et insaisissable, dans le paysage rock français. Une place en marge quelque part aux côtés de Noir Désir. Celle d’être un groupe méta-rock. Tanger a beau avoir les mêmes grandes références tête à claque que Noir Désir (Rimbaud, Morrison), présenter guitare-basse-batterie et chanter en langue de Molière revue et corrigée, il n’est pas un groupe de rock classique comme l'est son illustre confrère. Noir Désir est un groupe de rock classique au sens où le groupe s’est cimenté durant l'adolescence sur les plaies d'une époque mouvementé par le rock. Dans les années 80 le rock bougeait en France et Noir Désir a pris le pli. Certes mieux que beaucoup. Mais voilà, c'était les années "rock alternatif". Il y avait du rock à forger. Beaucoup de rock. Et "Noir Dez" a forgé, en fougue et en phase avec son époque. Jusqu'à la définir. Tanger n’a pas eu cette chance. Tanger est né au début ds années 90, adulte et non adolescent. Et il se passait quoi de rock dans les années 90 ? Rien. Il n'y avait pas de train à prendre, pas de réelle aventure. Pas de fête. Tanger a donc dû la créer de toute pièce. Genre Frankenstein. Il est arrivé la tête pleine de toutes ces supernovae qu'il avait eu le temps de collecter et qui avaient eu le temps de refroidir dans l'oubli des petits joueurs, il a pris toute cette culture rock et les grands secrets qu'elle abrite et il en a fait sa manne, avec l’envie de péter plus haut que son Q.I. Que son tout soit supérieur à la somme des parties. Pour un rock aussi bon comme là-bas dit ! Tanger c'est cette vision artistique. Cette ambition d’orphelins du rock orgueilleux d'avoir tout à prouver et à faire. Ce laboratoire qui fait plus des expériences sur le rock qu'il ne joue du rock expérimental. Voilà pourquoi on prend souvent Tanger pour ce qu'il n'est pas, c'est-à-dire un groupe prétentieux. Ils ne sont pas prétentieux, ils sont juste, au pire, élitistes. Ils ont l’élitisme de ceux qui pensent que la culture se mérite. L'élitisme de ceux qui appelleraient plutôt ça de l'Art, avec un grand A. Une chose dont les voies ne sont pas impénétrables, mais demandent qu'on ait le courage de les arpenter par soi-même. Qu'on prenne des risques. Aujourd'hui plus qu'hier Tanger en prend. En quête de nouvelles terres et de nouvelles promises, il part à la poursuite de ses voies propres pour mener La grande vie. Cela les rend ô combien précieux.


Photo de Tanger ci-dessus réalisé par Sortie de scène
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