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[david]

Christophe. Il sera en concert à l’Ogive de Chevigny-Saint-Sauveur mardi 23 novembre

Toujours sur le fil

Christophe est en tournée et explore sous diverses formules les recoins de son dernier album Aimer ce que nous sommes. Il sera en trio en Côte-d’Or fin novembre.




Photo@Molitor David


Cette formule en trio semble risquée pour un fondu de couches sonores comme vous ?

« C’est une obligation de contrat, mais j’aime bien que ça ne soit pas toujours pareil. Cette tournée est très variée. On recommence depuis quelques concerts à explorer le trio. On essaie quelque chose d’assez risqué. C’est très perturbant car la barre d’équilibre est très haute pour moi. C’est pas fastoche même si on a quelques petites bandes comme repères. Il y a pourtant des moments très magiques. »

Cette formule vous oblige-t-elle à mener ces dates au feeling ?

« Oui, c’est une expérience ! J’ai toujours aimé l’inconnu. Aller directement vers les choses, prendre petit à petit mes marques et tout à coup ressentir – parce qu’il faut sentir pour pouvoir expliquer – l’émotion particulière de chaque concert. On ne tourne pas tous les soirs, je n’aime d’ailleurs pas le mot tournée. J’aime être dans le voyage. J’adore me promener en jouant. C’est une façon d’arriver la veille dans la nuit aux endroits où je vais jouer et j’oublie complètement que je vais chanter, c’est comme des vacances, un moment très réaliste. Et à un moment, il y a ce que j’aime le plus au monde, c’est un moment de musique dans un cadre qu’on m’offre. Le surréalisme vient des tensions, des montées dans la musique. »

Votre dernier album joue beaucoup avec ces tensions.

« Quand le gimmick ou le moment musical est libre, la forme sonore existe en même temps. Pour moi, c’est quelque chose qui va très très vite. Après il y a tous les découpages sonores, comme un collage sonore, avec de belles pièces sonores. »

Magda est un parfait exemple de cela, un morceau très dépouillé.

« Magda est une chanson qui n’est pas écrite, c’est une chanson créée une nuit au piano, puis les nappes sont arrivées par magie, comme j’aime, puis ce prénom que j’ai beaucoup aimé, Magda. Tout ce qu’on crée vient du vécu même si cela arrive par magie. Après il y a eu les collages. »

Quasi dadaïstes !

« Oui, j’adore cela ! »

C’est étonnant de vous voir convoquer les dadas et des bluesmen comme Big Joe Williams dans Nuage d’or. Dans Aimer ce que nous sommes, on entend presque une parenté avec les derniers disques de RL Burnside. Vous êtes esthétiquement très éloignés du blues, mais on ne peut pas s’empêcher de l’entendre dans vos disques.

« Je suis obligé parce que je l’ai en moi. Alors oui, je le cache le plus possible parce que je ne l’ai peut-être pas… Peut-être que dans mon prochain album, peut-être parce que quelque chose m’a traversé il y a deux nuits… Il se pourrait que je frôle le réel blues. J’en parle beaucoup et je dis souvent que je n’aime pas le blues blanc. C’est aussi pour cela que je n’ai jamais voulu le tenter. J’ai toujours dit que le black blues est le seul valable. »

Est-ce la rencontre et le hasard qui déterminent vos chansons ?

« Complètement. Tout est instinctif, tout est au présent. Il faut savoir être au bon moment au bon endroit et attraper ces choses qui viennent d’ailleurs. Si ce n’est pas là, moi je passe à autre chose. Je ne suis pas le genre de travailleur qui prend mon piano en se disant qu’il va faire une chanson. Des chansons, j’en ai fait quand j’étais jeune, je me suis montré que je savais les faire. Dans tous les domaines que j’ai aimés, j’ai fait une tentative. Quand j’ai senti que j’avais réussi je suis passé à autre chose. Je ne veux pas m’installer. Le conducteur de ma route, c’est la passion. »

Pourtant, vous ne lâchez pas vos anciens tubes que vous renouvelez…

« C’est juste le plaisir du moment d’aller toucher les gens avec une chanson qui était dans son coin. Ces chansons sont toujours très présentes au fond de moi. En trio sur scène, ce qui est bien, c’est qu’on peut avoir une ambiance de bar. Quand je chante Aline à Dijon, ce ne sera pas la même version qu’ailleurs. C’est encore comme les bluesmen, Hooker a chanté sans cesse les mêmes morceaux, Muddy Waters a ressassé Hoochie Coochie Man. Mais on ne rabâche pas, c’est une question de feeling. On ne se rend pas compte qu’on chante ce morceau pour la énième fois ! »

Chaque concert est donc une découverte pour nous ?

« Il faut savoir aussi que je ne suis pas au point sur la scène. Je suis là pour être le plus possible dans l’inconnu qui ne lasse pas. Alors que je peux vouloir la perfection dans un studio et chipoter dans mes arrangements et dans la matière sonore. Je fais beaucoup confiance au rêve. Il m’arrive de me réveiller avec une chanson. Je me lève et je fonce au piano. C’est extraordinaire. Récemment, ça m’est arrivé avec un rêve où Alain Bashung venait me troubler avec une mélodie. Mon rapport à la musique est fragile, toujours sur le fil. »

pratique Concert à 20 h 30. Tarif de 5,5 à 32 €. Infos au 03 80 30 98 99, www.abcdijon.org.

[Bohumila Pohl]

Chris, está lindo com essa roupa branca! ficou muito bem pra ele!