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Christophe – Le temps du gitan

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Message  david Mar 17 Avr - 13:30


Christophe – Le temps du gitan A10



L’Italo-romanichel Christophe revient avec un album magnifique : Comm’ si la terre penchait. L’occasion de se pencher sur lui et de se demander pourquoi il était aimé et détesté depuis des années, avec autant de constance. En fait, dandy un peu maudit, un peu vieilli, Christophe est avant tout un gitan.

Christophe revient de loin. Après un album bizarroïde qui s’est un peu planté, Bevilacqua, et une rupture de contrat avec Sony pour cause de clip nullard dénoncé par le chanteur maniaque obsessionnel ­ clip jamais diffusé, donc ­, Christophe s’est trouvé un nouveau deal impeccable chez Mercury, pour un album suivi d’un live, ce qui sera sa première scène depuis 1976 (un quart de siècle, humm). L’album vient de sortir. Il s’intitule Comm’ si la terre penchait ; et en dépit de ce titre handicapant comme un bout de refrain de Jean-Louis Aubert, toute la presse, la presse unanime comme on dit, s’est accordée à le trouver “magnifique”. Nous aussi. Pas question, quand même, de refaire deux fois le coup fumant d’Amélie Poulain… Magnifique ­ même si, bien sûr, on serait prêt à y mettre, ici et là, d’arrogants bémols.

Comme toujours chez Christophe avec qui, il faut bien le dire, sans le connaître, on entretenait une relation ambiguë. Ce furet de la chanson française, jamais là où l’on attend, toujours déplacé, avait certes le don certain de composer des chansons qui nous plaisaient en nous agaçant ­ et qui nous agaçaient en nous plaisant. Déjà pas si mal. Ce n’était pas Bashung ­ pour nous, ce génie si clair. C’était Bashung et Adamo en même temps, Bashung et Alain Chamfort, Bashung et Polnareff, un bien Beau bien Bizarre inclassable, traînant avec lui des légendes qui nous paraissaient superflues et ringardes (comme collectionner des juke-boxes : un truc tout juste bon pour la promo d’Eddy Mitchell dans Télé 7 jours. Le beauf bizarre, alors ?) et d’autres beaucoup plus sympathiques et courageuses et dingues (comme de s’acoquiner avec Alan Vega ­ la plus grande classe qui soit au monde, de notre point de vue).

Bref. Il y avait quelque chose en Christophe qui nous contentait, quelque chose aussi qui nous mécontentait, cela d’une façon floue et indémaillable, donc intéressante. Au fond, et pour résumer d’un mot la situation, ce type nous paraissait surtout anormal. Le Scott Walker français ? Mettons… Mais, jusqu’à preuve du contraire, l’anormalité demeure toujours à nos yeux la meilleure raison d’acheter un disque un samedi après-midi sur la terre.

Toutefois, il n’est pas dit qu’en parlant d’anormalité, nous ne fussions pas à la recherche inavouée d’un meilleur compliment. Celui-ci, peut-être : au sommet de son art, Christophe avait même l’air carrément siphonné. Si les meilleurs disques sont ceux dont on est presque sûr, à première écoute, qu’on ne les écoutera pas tous les jours ; que ce sont des disques qui auront leurs heures, leurs jours, voire leurs saisons ; des disques que l’on réservera peut-être à la nuit parce qu’on sait que le noir les désire tout autant que nous ; des disques à laisser vieillir et décanter comme des vins ou des histoires traumatiques, alors il fallait bien s’avouer que Christophe était l’un des rares Français à en avoir enregistrés, pas seulement un, mais plusieurs.

Je ne prendrai qu’un exemple. Une seule chanson, datée de 1976, mais de très loin un des trucs les plus barges que j’aie jamais entendus de ma vie. Ça s’appelle Merci, John, d’être venu. Pour une fois, Christophe n’a pas fait appel à ses paroliers coutumiers de l’époque, Jean-Michel Jarre ou Didier Barbelivien. Il a écrit le texte tout seul et naturellement, ça en dit long sur le bonhomme. C’est un vrai petit film d’horreur. Le mariage d’un copain à la campagne. Mais voilà-t-y pas qu’au beau milieu de la noce, les Beatles en personne débarquent, se mettent à chanter et qu’au final, John Lennon lui-même pique sa promise au marié ! Un vrai cauchemar paranoïaque d’humiliation aiguë. Accessoirement, la plus belle chanson de cocu depuis Brassens (“Le fiancé s’est consolé en mangeant un peu de pièce montée”). Morale peace & love au refrain : “Que ce soit les Beatles ou Donovan/Un beau jour quelqu’un t’aurait pris ta femme/Comme c’est arrivé le premier jour/ T’auras pas trop de bobos côté amour.” Vous en connaissez beaucoup, vous, des types capables de faire des hits avec des histoires semblables ? Juste Christophe.

Mais notre problème, finalement, c’était peut-être de ne pas arriver à connecter intellectuellement le petit mec qui, en pleines sixties, criait Aline, comme une petite fiotte, pour qu’elle revienne, qui pleurait parce qu’il avait trop de peine, avec le grand auteur tragi-comique de Merci, John, d’être venu. De ne pas comprendre par quelles monstrueuses concavités le collectionneur de juke-boxes et le meilleur copain frenchie d’Alan Vega pouvaient cohabiter dans la même personne. Au fond, notre problème, tout con et maintenant réglé, c’était de ne pas connaître Christophe en personne. Alors on a dîné deux fois, longuement, avec lui. Et on a compris.

C’est le mec le plus insaisissable qui soit. Un vrai gitan. Un type du voyage intégral, certes zinzin de juke-boxes et de vieux blues exhumés en 78t comme le veut la légende, mais aussi fondu d’Antonin Artaud, de surréalisme, de la fille folle de Georges Simenon dont il collectionne poèmes et enregistrements, de David Lynch, de David Cronenberg, de Houellebecq (avec qui il a passé une mémorable soirée qui s’est achevée à l’aube dans une guinguette pour fines gueules près de Rungis) ; passionné de Molinier, le Bordelais qui a inventé la chaussure-gode, ou encore de la peinture de Clovis Trouille… Il faut le voir vous montrer fièrement ce qu’il appelle “ses books”. De grands classeurs où il range toute sa vie mentale : des bouts de paroles, des photos découpées dans les magazines, des articles de journaux, sous le joli intitulé Papiers coloriés des citations piochées dans les livres de Richard Ford ou John Fante, la liste de ses disques de blues (“Parce que je perds la mémoire”), le tout soigneusement tapé à l’ordinateur, avec une application d’autodidacte. Un drôle de pèlerin refusant d’intellectualiser quoi que ce soit, s’autoproclamant volontiers “primitif”, affirmant donner dans “l’art brut” et ne composer que sur les touches noires, les dièses et les bémols, parce qu’il trouve ça plus riche… Qui vous dit qu’il n’est pas musicien mais que, par moments, la musique arrive jusque dans ses mains, et qu’alors ce n’est pas lui qui joue mais un autre. Un type qui vous parle de la beauté d’une Buick 50 et qui, en même temps, vous explique qu’un des plus beaux moments de sa vie, c’est d’avoir été frôlé par une laie et ses petits sangliers, un petit matin à Vaugines (Alpes-Maritimes), près d’une source d’eau claire où il se lavait les pieds. Voilà Christophe.

Bien sûr, cela ne devrait pas être nécessaire de rencontrer les gens pour comprendre ce qu’ils font. On devrait être plus clairvoyant que ça, plus lucide sur soi-même aussi. Sauf que lui, c’est quand même un cas remarquable de conjonction des impossibles, d’écarts irréconciliables et, tout compte fait, de folie joliment maîtrisée. Pour le dire avec les mots de Jean-Louis Aubert, Christophe, c’est vraiment “un autre monde”. Un mélange savant de gouape et d’érudit, de gitan et de dandy, de solitaire et de populaire. Du coup, lui parler et l’écouter parler éclaire quand même pas mal de choses. On dispose soudain d’un passe pour entrer dans les disques. Le dernier, par exemple : magnifique, on l’a déjà dit.

Ça commence comme ça. D’une voix de muezzin asthmatique, sur fond de gros harmonium d’église hantée à la Nico, Christophe ­ ce mélange décidément presque exact de cri et de strophe ­ chante en “yaourt” (ce qu’il appelle, lui, curieusement, du Yop. Yaourt liquide, alors, comme on le dirait de certaines syllabes ?). Il improvise : Elle dit, elle dit, elle dit. C’est une intro/impro dérangeante, avec des bruits de portières qui claquent comme dans une BOF de Godard et puis cette voix lézardée, vieux pan de la chanson française qui va en se fissurant d’Aline à aujourd’hui, de 20 à 53 ans au compteur. Elle est de plus en plus belle, cette voix. Et ses indocilités accidentelles deviennent, à elles seules, du texte et des tragédies intimes. Au passage, prévenons nos voisins : Comm’ si la terre penchait (décidément, on ne s’y fait pas) est un disque romantique à écouter très fort. La basse énorme du gluant et nauséeux J’aime l’ennui est là comme un point de repère. C’est à son volume désiré que le disque entier doit s’écouter. C’est à l’aune de cette scintillante neurasthénie qu’il faut goûter le reste de l’album, “grand palais de marbre rose”, biscornu et byzantin, comme il est dit justement dans La Man.

La Man, c’est le single queer par excellence. Les désirs fous d’une femme, ânonnés d’une voix de comptable soumis par son amant, lequel paraît totalement dévirilisé par la puissance de cette nana castratrice. A travers la voix de Christophe, plus accablée que jamais, chant déchiré de carpette amoureuse, c’est au renversement complet du masculin/féminin qu’on assiste. La femme est masculinisée par sa volonté de puissance, la hauteur montagneuse, la cime de ses rêves, tandis que l’homme en est réduit à constater moitement son impuissance. C’est Vénus à la fourrure, version moderne. La homme. La Man. Enoncées aussi clairement, les choses en deviennent gênantes. Mais chez Christophe, encore une fois, c’est quand il y a de la gêne qu’il y a du plaisir.

Comme dans On achève bien les autos, un minifilm tordu entre Arrabal/Bashung (Le Cimetière des voitures) et Cronenberg/Ballard (Crash) qui débute sur cette envolée torride “J’aime bien respirer la tôle d’argent et ton pantalon de vinyle blanc” pour aller jusqu’à “Je sens ton sexe éclaboussé/De diamants éclatés par milliers.” Conclusion du chanteur : “Y’a plus rien à sous-titrer.” Impeccable. De même qu’au mitan de l’album, Nuage d’or, sorte de blues du pensionnaire (l’amusant Christophe préfère dire : “blouse du pensionnaire”), sorte de version rock du Grand Meaulnes ou des Désarrois de l’élève Törless, souvenirs de la “cour de récré couverte d’un manteau glacé/Les départs samedi non consignés.” Cela nous rappelle que de la Dolce vita (“J’me prenais pour Ben-Hur/en conduisant d’une main”) aux Paradis perdus, Christophe a toujours été sublime dans le ressassement et la chanson autobiographique au passé, la déperdition et l’épuisement des mecs lessivés.

Oui, avec Comm’ si la terre penchait, Christophe revient vraiment de loin. Parce qu’il revient de lui-même ? En tout cas, après l’avoir rencontré, on est au moins sûr de ça : lui-même, c’est loin.

*
Comm’ si la terre penchait (Epic/Sony).
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