Le monde en rouge et noir de Christophe

[david]

Photo © ˙·٠•●★ Black Night David Molitor.


"Si j'ai ma veste noire, ce n'est pas par hasard, c'est la couleur que je préfère, le blanc c'était hier..." Reflets satin des nuits de folie d'autrefois, phares des monstres automobiles italiennes qu'on poussait au bout de la route à des vitesses rebelles, Christophe, le Beau Bizarre affronte son monde, sa légende et quelques démons sans doute.



Sous la même lumière rouge qu'on allume à bord des sous-marins pour signaler que dehors, peut-être, il fait jour.
Dedans, la première partie du concert baigne dans l'étrange phosphorescence du récent Aimer ce que nous sommes, la seconde évoque Succès fou d'hier avec le savoir-faire sorcier du Christophe d'aujourd'hui.
En séduisant la génération yéyé qui tape dans les mains et offre des fleurs, et les quadras qui ont longtemps dénigré avant de devenir accros au début du XXIème siècle avec Comm' si la terre penchait.

Silhouette assise nerveuse, soudain électrique, mains en sursaut sur l'idée d'une guitare imaginaire, tellement sincère, tellement comédien, le mystère Christophe quoi...Toujours sur le fil, à dramatiser en cinémascope les ritournelles de la variété et leur faire traverser le rideau rouge du style et des générations.
Magda, Parle-lui de moi, Aline, la superbe version acoustique de Senorita ou l'or fondu du final électrique des Mots bleus, tout est passions consumées, nostalgies de luxe et amours incorrectes. Chantées d'une voix de nulle part, écorchée, mouvante, dernier souffle qui soudain perce d'un trait rouge la nuit cocon.
Et puis quel privilège d'avoir aussi sur scène l'autre Christophe, Van Huffel, producteur des dernières oeuvres et impressionnant guitariste, comme si l'on s'offrait à la fois David Gilmour, Buddy Guy et Robert Fripp!


Photo © ˙·٠•●★ Black Night David Molitor.