Christophe, confessions nocturnes
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Christophe, confessions nocturnes
Après les Francomanias, le chanteur français revient sur scène à Pully ce jeudi. Rencontre au cœur de la nuit dans l’antre d’un bidouilleur inspiré en quête perpétuelle de beaux sons
«Vous allez vivre une expérience extraordinaire!» Au bout du fil, le trompettiste Erik Truffaz se réjouit pour nous d’un rendez-vous pris avec Christophe dans son appartement parisien. Au cœur de la nuit. L’entrée dans l’antre du chanteur, à 2h30 du matin avec son refrain «Les portes de la nuit ne sont jamais fermées à clé» logiquement en tête, tient en effet de la découverte d’un musée extraordinaire.
Dans sa pièce à musique où il reçoit, c’est un bric-à-brac assez hallucinant qui est disposé entre un piano et une grande table de mixage où Christophe a pour habitude d’expérimenter des sons et compositions. Sur des étagères, à même le sol ou en vitrine, des dizaines de radios fifties de toutes les couleurs, des shakers millésimés, des photos noir-blanc (Bashung, Humphrey Bogart, Elvis, Bowie), un imposant juke-box qui ne contient que des 78 tours de blues, des livres et revues d’art (architecture, design, peinture), des tableaux naïfs, des guitares… Une pièce de brocanteur, méticuleusement rangée, où l’on devine les passions tenaces d’un Christophe qui connut le succès précocement avec «Aline» et «Les Marionnettes» en 1965.
Dans ce capharnaüm figure aussi cette trompinette qui aurait appartenu à Boris Vian et dans laquelle Truffaz souffle doucement lors de ses visites à celui qu’«il adore» littéralement depuis l’adolescence et le second raz de marée populaire d’«Aline»: «J’étais d’abord fan avant de le rencontrer. Il a une réelle personnalité, authenticité. Et a réussi à merveilleusement bien vieillir, à ne pas vieillir même pour ainsi dire.» «J’ai souvent l’impression que les autres changent, mais pas moi! Même quand j’avais connu mes premiers succès», rétorque pour sa part indirectement Christophe, planqué derrière ses éternelles lunettes rondes. Les deux artistes se sont d’abord croisés sur scène, en 2003, quand le chanteur rejoint le quartette de Truffaz et interprète «Les Mots bleus», «Les Paradis perdus» et «Les Marionnettes». Christophe viendra ensuite poser sa voix sur l’album du jazzman, Arkhangelsk. Et Truffaz d’intervenir ensuite sur Aimer ce que nous sommes. «Depuis qu’on s’est rencontré sur un plateau de télévision et qu’Erik m’a demandé un autographe, notre relation ne cesse d’évoluer et de s’enrichir. C’est rare et précieux dans ce milieu», constate admirativement Christophe.
Le beau hasard des rencontres pour l’interprète du «Beau bizarre» compte énormément dans son parcours sinueux, qui l’a lentement fait dériver de ringard des yé-yé à rockeur progressiste puis dandy excentrique. «Je m’en remets souvent au hasard, à l’aléatoire, même en termes de création. Ce sont des résonances qui me font faire des trajets périphériques et déclenchent les nuances salutaires dont j’étais en quête…»
Curieux de tout, passionné de formes via architecture et design ou de cinéma et d’automobiles, Daniel Bevilacqua de son vrai patronyme a toujours préféré se frotter à l’inconnu plutôt qu’explorer des territoires apprivoisés. Auditeur insatiable, à l’affût de nouvelles sonorités et répertoires, il vous cite Gil Scott Heron, Radiohead ou un son de clavier Korg W01 dans le même élan. C’est d’ailleurs cette dernière sonorité qu’il vénère en ce moment, «avec des pianos traités avec des delays». C’est grâce à une question suscitée par Erik Truffaz que l’on découvre ces éléments de haute précision chers à Christophe.
Depuis l’album de son retour au moins, Bevilacqua voilà quinze ans, on sait que la matière sonore compte plus que jamais à ses yeux. Un ton plus personnel obtenu grâce à des chansons enfin signées par ses soins et volontiers labyrinthiques, ainsi qu’un univers musical sous influence electro le révèlent en bidouilleur inspiré. «Il m’arrive souvent de me relever ou de me réveiller pour essayer de transcrire un son que j’ai en tête.» Malgré les expérimentations et hybridations sonores, le côté variété un brin guimauve des débuts ne le lâche pas, sans que Christophe sache vraiment expliquer pourquoi.
En témoignaient les prestations célébrant en 2002 son grand retour scénique après vingt-sept ans d’abstinence. Il y culbutait les esthétiques aussi kitsch que contemporaines dans un hallucinant son et lumière avec danse et magie en prime. Mais sans pouvoir se départir d’une imagerie bon marché (pin-up, bolides de course, couchers de soleil et palmiers en Californie…) en dépit d’une belle homogénéité musicale.
Au terme de cette discussion à bâtons rompus en pleine nuit, on pense saisir un peu mieux les lignes-forces de ce Christophe se voyant davantage «faiseur de sons que chanteur». Un désir de multiplier les références et les styles qui se reflète encore quand, dans une même phrase, on passe d’Alain Bashung, dont Christophe continue inlassablement d’écouter l’œuvre comme pour mieux conjurer sa mort, au flamenco et à l’écrivain américain John Fante, «la grande baffe littéraire de ma vie». Qu’importent les détours empruntés si les réponses restent passionnantes à 65 ans.
Christophe en concert à Pully
Octogone, je 7 oct. à 20h30.
Rens.: www.theatre-octogone.ch
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