Christophe & Dutronc: la tournée des grands ducs
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Christophe & Dutronc: la tournée des grands ducs
Jacques Dutronc et Christophe se partageaient, jeudi, la scène Pierre Rapsat des Francos. La beauferie crâneuse de l’un succédant à l’onirisme éthéré de l’autre. Récit.
Christophe © Frederic Pauwels
Pas sûr que la foule était venue pour lui. Ou alors peut-être pour ses tubes -souvent des ballades- ayant émaillé les années 60, 70 et 80. Plausibles mises en bouche aux saillies crac boum huuu du père Dutronc. Peu lui chaut, à vrai dire, semble-t-il. Assis, la voix chevrotante, Christophe murmure des paroles étranges, mallarméennes, quand il n’est pas occupé à revisiter son répertoire le plus récent ou le plus hermétique. Mal comme, Tonight Tonight, Un peu menteur… autant de rêveries singulières, d’une étonnante modernité, déroulant un univers cotonneux, quasi amniotique, flirtant avec les codes de l’expérimentation, cher à cette impavide tête chercheuse. Mélopées glacées, engourdies, jouées au ralenti, au bord de la catatonie, d’où émerge la voix de matou châtré du Vercingétorix de la chanson française. Bizarre et belle. Bizarrement belle. A peine si Le dernier des Bevilacqua ou Les paradis perdus viennent se glisser dans la transe. Tout ça, bien sûr, n’est pas au goût de tout le monde (« Aliiiiiiiiine », réclame-t-on en braillant dans l’assemblée). Alors Christophe se lève. Le port altier, fier, mais l’humilité toujours en bandoulière, il consent à redescendre de son nuage pour une salve de hits attendus: Senorita, d’abord, Succès fou (et ses « ouh ouh ouh » repris en chœur), Les mots bleus et… Aline, ensuite. Avant de tirer sa révérence sur cette splendide Dolce Vita récemment remise au goût du jour par Sébastien Tellier. Un concert en deux temps, certes, mais d’une remarquable cohérence, la troublante immédiateté des standards d’hier revêtant le lustre hypnotique des morceaux d’aujourd’hui. Et vice versa. Chapeau bas.
De tubes, Jacques Dutronc n’en est lui pas avare, attaquant d’emblée avec Et moi, et moi, et moi puis On nous cache tout, on nous dit rien. Il ne fera, dans la foulée, pour ainsi dire que ça: égrener plus ou moins paresseusement ses scies -inaltérables, au demeurant- sixties. De La fille du Père Noël à L’opportuniste, des Playboys à J’aime les filles, de Fais pas ci, fais pas ça aux Cactus, aucune, semble-t-il, ne manque à l’appel. Lunettes fumées, tout en noir, Dutronc est fidèle à lui-même, crooner à la voix de velours quasi intacte, balançant, mi-tranchant mi-fendard, ses textes vinaigrés dans un bouillon résolument rock’n’roll. Las, musicalement, le propos est carré au possible -guitares lourdes, fûts tapageurs, solos frimeurs-, pataud même, conférant à l’ensemble des allures de rock quasi grabataire. Entre les titres, l’ami Jacques se fend d’imitations -de Mitterrand, de Gainsbourg- à peine dignes d’un Laurent Gerra des mauvais jours, quand il ne se contente pas des mêmes blagues, plus ou moins douteuses, que d’habitude: et un « hommage… de chèvre » au grand Serge par-ci, et un clin d’œil à son gros cigare par-là (« Fumé ou pas, on pourra dire qu’on a fait un… tabac »). Mouais. Jacques Dutronc, au fond, c’est un peu comme le vieil oncle en roue libre occupé à placer ses immuables vannes pourries durant ces interminables repas de famille. Du coup, on sourit du coin des lèvres, un peu embarrassés, prêts à sortir de table à la première occasion. Car si Dutronc n’est pas encore tout à fait l’ombre de lui-même, il en est en tout cas devenu une belle caricature. Dommage.
En somme, jeudi soir Place de l’Hôtel de Ville, c’était la poésie rêveuse de l’un contre le cabotinage beauf de l’autre. Verdict: victoire de Christophe par K.O., petites étoiles -magiques- au-dessus du crâne comprises.
Nicolas Clément, à Spa
Christophe © Frederic Pauwels
Pas sûr que la foule était venue pour lui. Ou alors peut-être pour ses tubes -souvent des ballades- ayant émaillé les années 60, 70 et 80. Plausibles mises en bouche aux saillies crac boum huuu du père Dutronc. Peu lui chaut, à vrai dire, semble-t-il. Assis, la voix chevrotante, Christophe murmure des paroles étranges, mallarméennes, quand il n’est pas occupé à revisiter son répertoire le plus récent ou le plus hermétique. Mal comme, Tonight Tonight, Un peu menteur… autant de rêveries singulières, d’une étonnante modernité, déroulant un univers cotonneux, quasi amniotique, flirtant avec les codes de l’expérimentation, cher à cette impavide tête chercheuse. Mélopées glacées, engourdies, jouées au ralenti, au bord de la catatonie, d’où émerge la voix de matou châtré du Vercingétorix de la chanson française. Bizarre et belle. Bizarrement belle. A peine si Le dernier des Bevilacqua ou Les paradis perdus viennent se glisser dans la transe. Tout ça, bien sûr, n’est pas au goût de tout le monde (« Aliiiiiiiiine », réclame-t-on en braillant dans l’assemblée). Alors Christophe se lève. Le port altier, fier, mais l’humilité toujours en bandoulière, il consent à redescendre de son nuage pour une salve de hits attendus: Senorita, d’abord, Succès fou (et ses « ouh ouh ouh » repris en chœur), Les mots bleus et… Aline, ensuite. Avant de tirer sa révérence sur cette splendide Dolce Vita récemment remise au goût du jour par Sébastien Tellier. Un concert en deux temps, certes, mais d’une remarquable cohérence, la troublante immédiateté des standards d’hier revêtant le lustre hypnotique des morceaux d’aujourd’hui. Et vice versa. Chapeau bas.
De tubes, Jacques Dutronc n’en est lui pas avare, attaquant d’emblée avec Et moi, et moi, et moi puis On nous cache tout, on nous dit rien. Il ne fera, dans la foulée, pour ainsi dire que ça: égrener plus ou moins paresseusement ses scies -inaltérables, au demeurant- sixties. De La fille du Père Noël à L’opportuniste, des Playboys à J’aime les filles, de Fais pas ci, fais pas ça aux Cactus, aucune, semble-t-il, ne manque à l’appel. Lunettes fumées, tout en noir, Dutronc est fidèle à lui-même, crooner à la voix de velours quasi intacte, balançant, mi-tranchant mi-fendard, ses textes vinaigrés dans un bouillon résolument rock’n’roll. Las, musicalement, le propos est carré au possible -guitares lourdes, fûts tapageurs, solos frimeurs-, pataud même, conférant à l’ensemble des allures de rock quasi grabataire. Entre les titres, l’ami Jacques se fend d’imitations -de Mitterrand, de Gainsbourg- à peine dignes d’un Laurent Gerra des mauvais jours, quand il ne se contente pas des mêmes blagues, plus ou moins douteuses, que d’habitude: et un « hommage… de chèvre » au grand Serge par-ci, et un clin d’œil à son gros cigare par-là (« Fumé ou pas, on pourra dire qu’on a fait un… tabac »). Mouais. Jacques Dutronc, au fond, c’est un peu comme le vieil oncle en roue libre occupé à placer ses immuables vannes pourries durant ces interminables repas de famille. Du coup, on sourit du coin des lèvres, un peu embarrassés, prêts à sortir de table à la première occasion. Car si Dutronc n’est pas encore tout à fait l’ombre de lui-même, il en est en tout cas devenu une belle caricature. Dommage.
En somme, jeudi soir Place de l’Hôtel de Ville, c’était la poésie rêveuse de l’un contre le cabotinage beauf de l’autre. Verdict: victoire de Christophe par K.O., petites étoiles -magiques- au-dessus du crâne comprises.
Nicolas Clément, à Spa
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