Il a tout traversé. Le rock’n’roll, l’electro, la chanson
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Il a tout traversé. Le rock’n’roll, l’electro, la chanson
Il a tout traversé. Le rock’n’roll, l’electro, la chanson : il les a habité, débauché, magnifié. Il a été le contemporain de Serge Gainsbourg et des juke-boxes, de John Lennon et des bals du samedi soir, il vit désormais, même si son horloge avance, à sa propre heure, paré de son inséparable laptop, happé par l’électricité nocturne, révéré par les nouveaux artistes dans le vent, convoité par tous, insaisissable : il va tous nous enterrer, Christophe, le dernier des Bevilacqua, le dandy populaire, l’esthète lunaire, le chanteur légendaire. Il a 62 ans, il sort son neuvième album, « Aimer ce que nous sommes », et ce qu’il crée, ce qu’il est, on aime, si intensément
Son précédent album, « Comm’ si la terre penchait », date de 2001, c’était l’Odyssée de l’espace, Christophe inventait pour le XXIe siècle des chansons en apesanteur, belles et spéciales, spatiales. Un retour sous les feux des projecteurs totalement réussi, commercialement, artistiquement, métaphysiquement.
Sept ans de réflexion, 2008, et vu du ciel, la terre d’«Aimer ce que nous sommes» penche toujours, car ainsi va l’univers Christophe, en rotation, où trouver son équilibre, c’est parvenir à un état dé félicité esthétique qui transcende. Les chansons d’«Aimer ce que nous sommes» sont folles ? Elles sont surtout belles à pleurer. Christophe le confirme avec cet album, qui n’est ni le disque de la maturité ni celui de l’explosion (c’est celui de l’accomplissement, du surpassement perpétuel) : il est le seul à ainsi savoir composer des chansons où le populaire fusionne avec le technologique de façon aussi charnelle, accessible, distinguée
Il aurait pu juste rester une légende la pop-music française, se retrouver tête d’affiche de films comme « Jean-Philippe » ou « Podium », mais Christophe ignore les frontières terrestres, sur sa carte d’identité, il est inscrit résident de Saturne, Christophe est comme Bryan Ferry un dandy, comme Scott Walker un explorateur, comme Brian Eno un inventeur, et comme John Lennon, Christophe est aussi populaire que le Christ.
Il n’a pas lu Barbey d’Aurevilly, il le vit : « Cette haute question d’art humain et d’éthique sociale : l’élégance de la vie. »
Daniel Bevilacqua est né le 13 octobre 1945. Gamin, il écoute du blues, Robert Johnson et John Lee Hooker. Ado, il se rue sur le rock, Elvis et Little Richard. Il a quinze ans quand il forme son premier groupe, Danny Baby et les Hooligans. Il enregistre son premier 45 tours à dix-sept ans, «Reviens Sophie». Mais c’est la vague yé-yé qui le happe. Il est numéro 1 en 1965 avec le blues «Aline», sous le nom de Christophe, tube de l’été confirmé par «Les Marionnettes». Il pose sur le poster de Salut les copains qui scelle le triomphe des yé-yé.
Le problème, c’est que Christophe n’est pas un yé-yé. C’est un claqueur. Il pilote des Ferrari, des Porsche, des DS 21 Palace, des Rolls ou des Cadillac, dont une de 1958, « celle de la Dolce Vita ».
Il pilote aussi ces nouveaux instruments, les synthétiseurs, continue de se roder au début des années 70 sur des singles qui le placent au niveau du Bowie de l’époque, puis sort enfin son premier album en 1973, «Les Paradis perdus». Le dépassement. Où l’on découvre un artiste s’intercalant sur le podium de la chanson française, quelque part aux côtés de Serge Gainsbourg, devant Gérard Manset, Jacques Dutronc et Michel Polnareff.
À la fin de la décennie, après trois autres albums sidérants («Les mots bleus» en 1974, «Samouraï» en 76 et «Le beau bizarre» en 78), Christophe n’a plus de concurrence. Il devient alors trentenaire, il gagne surtout son ticket pour l’éternité, composant et chantant des chansons («Les mots bleus», «Señorita», «Daisy», «La dolce vita»…) classées trésors du patrimoine national. Devenu une institution, il pourrait parader tout au long des années 80, squatter les plateaux télé et donner son avis sur la faim dans le monde. Mais non : Christophe reste un mystère. Peut-être que ses deux albums de 1980 et 1983 ne font pas de vagues, mais les singles qu’il écrit, «Ne raccroche pas», «Chiqué, chiqué» ou pour Corynne Charby «Boule de flipper», cartonnent, surtout le slow au synthé «Succès fou», un succès fou.
Pour fêter ses 50 ans, il sort en 1996 «Bevilacqua», un an avant le premier album de Daft Punk. Christophe est dans la place, Christophe est à la page, chanteur de charme, le crooner de drame est dans l’electro, «Comm’si la terre penchait» confirme le génie, maintient le niveau stratosphérique, versant sombre et contemporain des Mots bleus, pour aujourd’hui alunir sur un «Aimer ce que nous sommes» lumineux, impérial, surnaturel de beauté.Un album enregistré entre Paris, Séville et Londres, avec Christophe Van Huffel. Un chef d’œuvre qui débute avec la contribution d’Isabelle Adjani («Wo wo wo wo»), s’embrase avec une chorale gitane («It must be a sign»), nous tamponne avec un hit magnétisant («Tonight Tonight»), escalade des sphères bouleversantes («Parle lui de moi»), pour se clore avec la voix de Daniel Filipacchi («Les voyageurs du train…») ; un disque dont l’enregistrement épique a inclus des séances avec le mythique batteur Carmine Appice, avec Erik Truffaz et Jac Berrocal, Mark Cunningham et Murcof, Patrick Muller et Pamelia Kurstin, Florian Zeller, Marie-Pierre Chevalier, Marie Möör, et le grand Emir Deodato pour diriger les cordes…
Avec, au sommet de la pyramide, Christophe, « le chanteur », le véritable chef d’orchestre. Esthète brûlé, dans les nuages, redescendu sur terre nous livrer une œuvre à l’intensité bouleversante. Walter Pater, essayiste du XIXe siècle : « C’est l’étrangeté ajoutée à la beauté qui confère un caractère romantique à l’art. » Romantique, étrange, beau, c’est «Aimer ce que nous sommes». Tout ça, et même plus, bien plus. Pour finir comme se termine le disque, sur la formule de Daniel Filipacchi : « Eh bien voilà, salut !
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