En balade à Goult avec Christophe

[david]

RENCONTRE/ Avant son concert à la Fiesta des Suds, virée vauclusienne avec le chanteur. Au menu: piano, boules, pizza




La moustache est toujours bien taillée, le cheveu blond et les lunettes bleutées. Christophe, tel qu'en lui-même, balade dans les rues de pierres sèches de Goult. Au coeur du Luberon où il possède une maison "cachée dans les arbres", le chanteur musarde, se pose au Café de la Poste, sirote un sirop de kiwi, puis s'en va tapoter quelques notes sur un piano dans une galerie d'art voisine. Une chanson pour la route?, quémande un journaliste.

"L'après-midi? Oh, non. J'ai pas l'impression que c'est moi..." Et puis sur le coup des 17h, dans le Luberon on peut trouver d'autres distractions... Comme étriller à la pétanque des Marseillais venus en voisins. En l'occurrence, une triplette emmenée par Bernard Aubert, le directeur artistique de la Fiesta des Suds (où le Beau bizarre chante le 24 octobre prochain). Le résultat est sans appel. Deux parties: 26points pour Christophe, Manu et Jean-Mi; 1point pour les autres. Les boules? "Je ne suis pas nul, mais je suis pas régulier", soupire le dandy faussement modeste, vraiment content de la raclée infligée. Du coup, à l'apéro, ça chambre sévère. Christophe cherche Bernard Aubert. "Il est où?", interroge-t-il.

"Ma foi, il est parti souder ses boules", rétorque un comparse sans coeur. C'est qu'ici, entre Goult et Roussillon, le chanteur est à la maison. Lui, le timide au timbre limpide, a ses habitudes. Il grignote des minibouts de margherita ("Une bonne pizza, c'est une oeuvre d'art") à l'heure où le soir fraîchit. Puis croque au dîner une salade à l'ail et un sage pavé de boeuf-haricots verts, à la Bouche des Goûts, après avoir enfilé un coupe-vent gris métallisé. Coquet, l'homme au pantalon de cosaque enfoncé dans ses bottes noires doublées de mauve? "Ben, ouais. Tant qu'on est coquet, c'est qu'on est en vie." Vivant, Christophe qu'on réduit trop souvent à Aline ou aux Mots bleus, l'est bel et bien. Heureux de renouer avec la scène marseillaise.

"La Fiesta des Suds, c'est toujours une expérience", glisse-t-il, juste malheureux de ne point partager l'affiche avec la furie Nina Hagen. "Christophe à la Fiesta? C'est naturel, répond Bernard Aubert (pas rancunier). Il est atypique et poétique. C'est un mélange de populaire et de précieux."

Bien à l'image du festival, au fond. Pour l'heure, porté par le souffle de son dernier album lyrique et enveloppant, Aimer ce que nous sommes, le chanteur ne sait pas encore quel visage aura son concert marseillais. Pour l'amour du risque? Évidemment. "Le risque… c'est comme les boules. Et moi, je suis quoi? Je suis rien qu'un joueur."