Christophe raconte ses nuits blanches à Juvisy

[david]

Ils ont habité le département et, d'une façon ou d'une autre, y ont vécu des moments à part dans leur vie. « Le Parisien » vous raconte, jusqu'à demain, des anecdotes peu connues sur des personnalités passées par l'Essonne.

DEPUIS quelque temps, il manque, aux nuits de Juvisy, le vrombissement des moteurs gonflés parcourant les rues jusqu'au petit matin. Sous le coup d'une suspension de permis depuis neuf ans, le chanteur Christophe n'est plus retourné en voiture dans « sa » ville.

En revanche, la légende racontant ses excès au volant se transmet de génération en génération .
Pas besoin de Père Fouettard ou de Dame Blanche pour obliger les enfants à rentrer avant le coucher du soleil.
A Juvisy, il suffit de dire que l'interprète des « Mots bleus » peut revenir, à tout moment, reprendre possession des rues jusqu'aux premières lueurs du jour.
Car l'artiste, de son vrai nom Daniel Bevilacqua (62 ans), a longtemps fini ses soirées au volant de ses luxueuses voitures, près de son quartier, avenue de la République, en face de l'ancienne école communale des filles, aujourd'hui devenue le collège Ferdinand-Buisson. A 15 ans, il empruntait la Simca de sa mère Là, durant plus de quinze ans, du début des années 1960 à la fin des années 1970, il répète ses gammes de pilotage jusqu'à réveiller les voisins.
« Je sortais de boîte de nuit et je me faisais un parcours autour du parc des Grottes, glisse malicieusement celui qui empruntait déjà, en 1960, la Simca sport décapotable bleue de sa mère, à l'âge de 15 ans, pour conduire seul.
Je prenais la côte des Sept-Tournants (NDLR : l'avenue Raspail) et je redescendais en trombe après avoir tourné autour du plan d'eau juste avant la N 7.
Et puis je recommençais.
Jusqu'à ce que je prenne des trajectoires parfaites. Une fois, je me rappelle avoir pris trop large dans le dernier virage et j'ai touché un mur.
» Forcément, Christophe est alors souvent réveillé par la visite des forces de l'ordre. Surtout à partir de 1965 et l'achat de son Austin Cooper S grâce à l'argent du tube « Aline ». « C'était le bon temps, les policiers venaient discuter, ils me connaissaient bien, s'amuse le play-boy, d'origine italienne, qui s'est illustré tour à tour avec des Ferrari, Lamborghini, Jaguar, Mustang. Ils arrivaient en me disant : Tu as encore fait le fou, hier soir, on t'a entendu.
Mais je buvais rarement et je n'ai jamais eu d'accident grave.
Il faut dire, qu'à cette époque, les rues étaient désertes la nuit.
C'était des années de rêve. On pouvait vraiment rouler. » Sauf qu'à 7 heures, après une nuit blanche, il se retrouve parfois coincé dans les embouteillages, près de l'aéroport d'Orly. « Ça roulait à deux à l'heure avec ceux qui partaient au boulot et je me suis endormi au volant, se remémore Christophe. Maintenant que je ne conduis plus, à cause de ma suspension de permis, je ne vis plus. » Et il ne revient plus hanter les nuits des habitants de Juvisy. Ou alors juste dans leurs souvenirs.