Christophe, pour ses concerts à la Cité de la musique

[david]

Entre deux tournées, vous refaites une scène à Paris dans quelques jours à la Cité de la musique. Vous semblez y prendre goût désormais à la scène ?

Je retrouve mes jeunes années. La scène, c’est un voyage et moi je suis un bohémien. Et puis, c'est à force de voir des artistes comme David Bowie ou Lou Reed en concert que j'ai accepté d’y revenir. Mais, c’est dur, c'est un combat de boxe. Sur scène, je suis très exigeant pour le son, la technique. La scène, c’est magique.



La dernière fois que je vous ai vu, je vous avais demandé : « Quel destin souhaiteriez-vous à votre dernier album Aimer ce que nous sommes ? » et vous m’aviez répondu : « Qu'il soit au bon endroit, au bon moment ». La Cité de la musique, c’est le bon endroit ?

La Cité de la musique, c’était mon rêve ! C’est le meilleur son de Paris mais je vais rentrer dans l’inconnu. Je suis un mec de l’instant, je ne suis pas un show man. Toutefois, j’espère prendre du plaisir et le transmettre.



En quoi vous aimez ce lieu ?
C’est un point de repère de la vie musicale, un lieu de rares échanges entre les répertoires savants et les musiques populaires, où les artistes entreprennent des démarches singulières et nouvelles, et où le public découvre des propositions fortes et originales. Et, j’y ai plein de souvenirs. J’y ai déjà chanté avec Bashung, qui est toujours chez moi, là, en photo. C’est là aussi que j’y ai rencontré Lou Reed pour la première fois et j’y ai chanté récemment avec Abd Al Malik. Et puis, surtout, j’aime son architecture, sa forme en ellipse, les matières.



En invité, vous accueillerez Zerkalo, un projet musical avec une nouvelle approche de la musique électronique…

J’aime ce projet vidéo-musical avec la vibration émotionnelle de la voix de Victoria Lukas et sa mise en scène dans des vidéos de Julia Pello. La succession d’images comme des collages, dans une ambiance surréaliste, dadaïste, qui se marie à la musique, constitue une vraie démarche artistique qui me plaît.


Vous écoutez tout ce qui se fait de nouveau ?

Ah oui, j’adore ça ! J’aime les jeunes, la création, la nouveauté, les nouveaux sons. Housse de Racket, le musicien électro Murcoff, Bat For Lashes qui est le pseudonyme de la musicienne Natasha Khan, Thom Yorke, Einstürzende Neubauten, Murcof. Je suis un des premiers à avoir parlé du chanteur du duo electro/post-punk Suicide, Alan Vega.



D’ailleurs, vous aimez la musique des DJ’s…

Ah oui ! J’adore les DJ’s ! Surtout Asia Argento ou Pacman qui a une approche du son qui me paraît très personnelle. Je suis un gars du son, de la réverb’, de l’écho, du périphérique…



Et, la chanson française n’a pas vos faveurs en ce moment ?

Ah si ! Benjamin Biolay, surtout les premiers albums, Camille. Alain Chamfort et son hommage à Yves Saint-Laurent, c’est sublime ! Mais, le top en ce moment pour moi, c’est le titre Reviens mon amour de Marc Lavoine. C’est un chef-d’œuvre !



Il va y avoir des projections d’images en fond de scène de Julia Pello qui fait partie de Zerkalo. Ce spectacle, vous voulez le construire comme un film?
Non, ce sera juste un support vidéo d’images qu’elle aura choisi. Toutefois, j’aimerai un jour construire un spectacle comme un film.



Le cinéma, pour vous, c’est comme la musique, vous y recherchez de l’émotion et de la créativité ?

Il influence ma vie et structure mon imaginaire. Le cinéma, c’est comme la musique, on est chacun dans une vibration particulière. En matière de films comme en tout, je suis chineur, curieux de tout. Ce qui m’importe, c’est de découvrir des choses tout le temps, des choses qui vous influencent pour faire de la musique, des spectacles… Il y a des films qui restent gravés en moi, dans ma mémoire. Il suffit d’un plan dans un film.



Vous avez un vrai sens du spectacle. À chaque fois, vos spectacles sont à la hauteur de vos ambitions et de votre démesure, tant au niveau du son avec les plus grands musiciens, que de la lumière, de la scénographie. Que nous réservez-vous cette fois-ci?

Ce sera beaucoup plus intime avec des projections en fond de scène et comme toujours des beaux éclairages. On sera avec mon équipe comme des copains de lycée. Je ne fais pas du show biz. Ce sera une vraie création dont je ne connais jamais les contours.



Et, qu’allez-vous nous chanter ?

La première partie sera consacrée aux titres de mon dernier album. Dans la deuxième partie, je vais égréner mon passé mais la set list change tout le temps. Je vais rechanter des chansons que j’aime de mon album Le Beau Bizarre comme Saute du scooter, Ici repose.




Vous faites une tournée en France. C’est important pour vous d’aller à la rencontre du public de province ?

J’adore cela. Je suis un nomade. J’aime le voyage, les hôtels, changer de ville, découvrir des nouvelles scènes, aller à la rencontre de la province, faire ses bagages, repartir sur les routes. J’aime la vie de bohème.




Vous avez chanté C'est mon style, différent dans Succès fou. Avez-vous l’impression d’être quelqu’un d’à-part, en voyageant dans le temps et les tendances avec une classe fellinienne et un bon goût jamais pris à défaut ?

J’ai juste le luxe de pouvoir fonctionner selon mes envies. J’ai toujours aimé être à l’écart de tout. Je suis le moins formaté et carriériste de tous les artistes. Je suis le plus sauvage de tous ! Je suis juste un type hors format, c’est vrai, mais je ne me sens pas au-dessus des autres pour autant. Je suis un homme du voyage, un nomade de la chanson dans une bulle particulière, j’en conviens. Mais, j’aime les gens et je respecte ce que je n’aime pas des autres. Par contre, j’aime qu’on respecte ma différence.



Il y a parfois eu de longs silences dans votre carrière et plusieurs périodes. 
Dans quelle période êtes-vous en ce moment ?

Il n'y a pas plusieurs Christophe. Je suis le même mais qui dit plusieurs passions, dit plusieurs périodes. Là, je ne sais pas, je vis l’instant et vais vers l’inconnu. Et le prochain album sera lié à d’autres gens, d’autres lieux.



Alors, à quand votre prochain album ?

J’y pense tout le temps. Cinq titres sont déjà faits. Il ne sera pas fait chez moi mais dans un même lieu avec les musiciens et dans les conditions live.