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Christophe - Un bluesman qui ne fait pas de blues, par respect

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Message  david Ven 2 Avr - 20:28

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Depuis quelques albums fantasmagoriques et décalés, Christophe est devenu malgré lui l'un des mystères les plus tenaces de la chanson française. D'Aline à l'Alien des années 70, perdu entre le blues préhistorique et la techno, un beau bazar. Bevilacqua, son premier album depuis une décennie, tente d'y remettre un peu d'ordre.

Chez les yéyés, parmi la marmaille de jeunes gommeux et de gourdasses en couettes et robe vichy, Christophe n'avait pas l'air à la fête. Daniel Bevilacqua, gamin des banlieues, rebelle de fortune jouant son West Side story à Juvisy-sur-Orge, n'intégrera jamais tout à fait le manège Salut les copains. Une complainte adolescente, Aline, avait en 65, du haut de son million d'exemplaires vendu, propulsé le petit taciturne amateur de blues sous des feux qu'il n'attendait pas. Ensuite, malgré une série de hits confortables ­ Les Marionnettes, La Dolce vita, Succès fou ­, Christophe échappera au propre et au figuré aux petites combines intra-utérines du showbiz français. Nous, pendant toutes ces années où l'on a prié Aliiiine, pour qu'elle nous lâche, avons observé Christophe non sans distance et mesure. L'aventurier futuriste et fascinant du Beau bizarre (78) entretenait autant de relations coupables ­ Jean-Michel Jarre, Barbelivien ­ qu'il avait d'idoles fréquentables ­ Chet Baker, Alan Vega ­, et il fallut parfois se forcer violemment pour aller voir la lumière derrière ses disques obscurs. Les Paradis perdus (73), Les Mots bleus (74) ou Samouraï (76) forment ainsi le plus opaque brelan d'énigmes de la chanson française des seventies, avec Le Beau bizarre. Les reprises de Bashung ­ Les Mots bleus ­ ou Dominique A ­ Chiqué, chiqué ­ sont ensuite venues épaissir un dossier incomplet, bourré d'ellipses et d'éclipses, que Christophe accepte enfin d'entrouvrir. Bevilacqua, sa première réalisation comestible depuis des lustres, rompt enfin un silence de plus de dix ans.

Christophe : Pendant ces dix ans, j'ai quand même toujours fait un peu de musique et surtout de technique. Ma grande passion, à part les parfums, les juke-boxes, les voitures et les 78t de blues, c'est le son. Créer du son est aussi important pour moi qu'écrire des chansons, c'est pour ça que j'aime tant la musique des DJ's. C'est aussi la raison principale de ma disparition : on ne voyait plus tout à fait les choses dans le même sens avec les gens qui m'entouraient, producteurs et autres. Eux voulaient me faire faire des choses destinées à marcher, sans réfléchir au plaisir que je pourrais avoir à les faire. Le bonheur, en donner aux autres, je n'ai rien contre, mais à condition que je jouisse d'abord. A 50 balais, je n'avais jamais signé le moindre contrat, il a donc fallu que je règle un tas de problèmes juridiques avant d'avoir la tête libre pour m'y remettre. Créer est mon seul moteur dans ce métier, avant les considérations matérielles. C'est pour ça que j'ai toujours été en marge, au bord de la route, en évitant de marcher dans toutes ces combines.

A quel moment as-tu senti qu'il était temps de t'y remettre ?

Je travaillais seul avec mes machines et, en dix ans, il en est sorti des tonnes de nouvelles. Alors j'avançais au rythme du progrès technologique et, jusqu'au bout, il y a eu des transformations. Et puis, un jour, tu sens que tu vas te faire dépasser par tout ça et tu décides d'aller très vite. L'enregistrement s'est donc déroulé rapidement. Je suis allé au studio Ferber, où quasiment tous mes anciens albums ont été enregistrés, et j'ai engagé l'ingénieur du son qui se trouvait là ainsi qu'une assistante ­ des jeunes gens très doués, pas des stars. Pour les textes, c'est différent : cela représente sept ou huit ans de gimmicks ou de choses que j'ai ressenties profondément pendant toutes ces années, des émotions fortes et vraies. Ce n'est pas un album d'imaginaire, c'est un album de vécu. J'ai décidé d'être moi à présent, que ce soit au niveau des textes ou de la musique.

Tu as l'impression d'avoir joué un rôle jusqu'ici ?

Cela dépend des époques. Même si je ne renie absolument rien de tout ce que j'ai pu faire, il y a des périodes où je me suis senti plus ou moins à l'aise avec moi-même. La dernière fois que j'ai effectivement eu l'impression d'être moi, c'est lorsque j'ai fait Le Beau bizarre. J'étais très près de Bob Decout, le parolier. Il a su ressentir chaque chose qui me ressemblait et le traduire. Lorsque j'ai travaillé avec Jean-Michel Jarre pour Les Paradis perdus et Les Mots bleus, on était vraiment très différents l'un de l'autre. Il observait mon environnement et, comme il était assez intelligent, cela pouvait faire illusion : comme si quelqu'un parlait de moi et non pour moi.

Dans quelle mesure les textes de ton nouvel album sont-ils autobiographiques ?

L'histoire de Label obscur, par exemple, c'est du pur vécu : un type, un Américain, veut me vendre près de trois cents 78t de blues pour payer son divorce, parce que sa femme met les voiles avec une autre femme. Je lui ai envoyé l'argent ­ à peu près 25 000 f ­ et n'ai jamais reçu les disques. C'est pour ça que la chanson ressemble à un sale blues, le blues du disque de blues en quelque sorte.

Dans cette chanson, on a l'impression que tu prends plaisir à citer des noms de bluesmen obscurs, uniquement pour les sonorités.

J'en suis entouré, complètement hanté par leur présence. En parler, c'est un peu comme parler de la femme du boulanger ou de la fille d'à côté : ils appartiennent à mon quotidien. Lorsque je les écoute, c'est le seul moment où je me tourne vers mon passé parce que, d'ordinaire, je ne regarde jamais en arrière. Par exemple, si j'entends Ray Charles, Lonely avenue, ça me fait quelque chose. C'est un truc qui m'a fracassé. Je me souviens, j'étais en pension et j'avais une petite manie : j'adorais cirer mes pompes. Alors voilà, tous les matins, je me levais très tôt, je crachais sur mes chaussures en écoutant la radio et, un jour, je tombe sur Lonely avenue, chanté par un mec qui faisait vraiment la différence. Quand t'écoutes ça pour la première fois à 13 ans, que t'es jamais sorti de chez toi, ça fait un truc.

Tu étais adolescent lorsque le rock est né. T'y es-tu intéressé aussitôt ?

Non seulement j'ai été fasciné dès le départ par Presley ou Cochran, mais j'ai tout de suite voulu m'y mettre à mon tour. J'étais un gamin plutôt solitaire. J'étais en pension parce que mes parents étaient divorcés et j'ai toujours vécu des trucs un peu hard. Ma réalité, c'est qu'à l'âge de 10-12 ans, j'entendais ma mère hurler de douleur parce que mon père était un type qui partait. La musique, dans ce genre de cas, te permet d'oublier un peu ta vie, ça te refile des frissons que rien d'autre ne peut te donner, comme l'amour. Alors voilà, dès que j'ai pu, j'ai quitté Juvisy où j'habitais pour tracer sur la Côte d'Azur où je faisais la manche en jouant de la guitare. C'était la première de mes fugues, mais pas la dernière. Ensuite, j'ai monté un groupe, Dany Baby Et Les Hooligans ­ on jouait tous les samedis dans un club à Jouy-en-Josas ­ et là, ça commence à monter : je grandis pas, mais je monte (rires)... J'ai commencé à aller voir les éditeurs parce que ce qui m'intéressait, c'était avant tout de composer. De fil en aiguille, après un passage au Golf-Drouot, je rencontre Eddy Barclay qui me donne l'occasion d'enregistrer un premier quatre-titres, en direct à la Comédie des Champs-Elysées. On a donc fait ce truc, hyper merdeux, parce que les mecs qui m'accompagnaient n'avaient rien compris au blues. Je voulais faire du blues à cette époque-là. J'ai vite changé d'avis lorsque je me suis rendu compte que le blues était vraiment une musique réservée aux Noirs. Je suis un bluesman qui ne fait pas de blues, par respect, voilà.

Le blues était ta seule influence ?

Non, j'aimais aussi des chanteurs français, Jean Constantin et surtout Brassens. J'avais 9 ans lorsque j'ai entendu Brassens pour la première fois : je ne comprenais rien à ce qu'il disait mais j'adorais son feeling et le son qu'il avait. Ma grand-mère me frappait quand j'écoutais Gare au gorille et, moi, je chantais la chanson devant les invités, le dimanche. J'étais déjà un rebelle, un escroc, un Apache...

Que s'est-il passé entre ton premier disque et l'énorme succès d'Aline ?

Il s'est surtout passé cinq ans ! J'avais 15 ans lorsque Reviens Sophie est sorti, j'étais sacrément précoce. Filipacchi, mon idole, avait programmé la chanson une fois dans son émission et cela suffisait à mon bonheur. J'aimais tellement ce mec que cela m'a donné envie de continuer malgré tout. Comme le disque n'a pas marché, j'ai poursuivi un peu mes études, jusqu'au BEPC. Je faisais le matin et pas l'après-midi ­ j'étais ailleurs. Je regardais les gonzesses, les bagnoles, comme tout le monde à cet âge-là. Parfois, j'empruntais la voiture de ma mère sans qu'elle le sache et je faisais des virées à Juvisy. Il faut dire qu'en 55-59 on s'est pris un tas de films américains dans la gueule, genre La Fureur de vivre ou L'Equipée sauvage ­ et je mentirais si je disais que ça ne m'a pas touché. C'est aussi grâce à la folie des voitures que je me suis appelé Christophe : j'allais tellement vite que ma grandmère m'avait acheté un super beau saint Christophe. A partir du succès d'Aline, il n'était plus question de retrouver mon vrai nom ­ Daniel Bevilacqua ­ ; les choses étaient lancées comme ça, pas moyen de revenir en arrière.

Comment te sentais-tu dans le milieu un peu niais de Salut les copains ?

J'ai toujours été à l'écart, mais sans le vouloir vraiment. J'ai débarqué : cheveux ras, T-shirt noir, je ne ressemblais à personne. Avec le temps, je me suis amélioré aux boules, mais pas dans le showbiz. A l'époque, il fallait beaucoup donner, parfois aller contre sa nature, mais je le vivais très franchement comme un amusement. Je ne me prenais pas pour une vedette comme la plupart des chanteurs de l'époque. Je n'avais ni agent ni secrétaire, j'ai toujours aimé toucher les choses par moi-même, même si c'est un jeu un peu dangereux dans ce métier. Comme je suis joueur de nature, ça me plaisait. Cette période de ma carrière, je la revendique à 150 %. Pour moi, Aline est un blues authentique, qui a été déprécié parce que c'est devenu un hit énorme, populaire.

As-tu l'impression que cette chanson t'a parfois desservi ?

Jamais ! Un type de Vogue est venu m'interviewer un jour sur ma chanson et mon artiste préféré de tous les temps. Je lui ai répondu "Aline, par Christophe." Il avait l'air surpris mais merde, quoi, c'est pas de la prétention : j'ai écrit cette chanson à 20 ans, elle m'a ouvert à la vie, comment veux-tu que j'aille en choisir une autre ? Il faudrait être maso, le roi des cons, pour prétendre le contraire ! Pour ma famille, c'est pareil : après cette chanson, ils m'ont regardé différemment. Leur donner ça, c'est quand même mieux que leur donner le BEPC ! D'ailleurs, lorsque j'ai tout arrêté deux ans plus tard, ils étaient les premiers surpris. Ils ne comprenaient pas que je lâche subitement un si bon filon. Ils devaient se dire que j'étais toujours aussi barge, que j'avais toujours besoin d'aller me promener dans les chemins, tremper mes pieds dans l'eau glacée des sources.

Pourquoi t'es-tu éclipsé une première fois à la fin des années 60 ?

Par goût du risque sans doute, parce que j'avais besoin de vivre autre chose, des trucs de jeunesse dont, quelque part, j'avais été privé à cause du succès. C'est pour ça que j'ai fait du cirque à cette époque ­ pour assouvir un truc de môme. Tu ne peux pas savoir à quel point j'étais heureux ! Alexis Gruss m'avait engagé pour venir jouer cinq chansons à la fin de la représentation. J'étais payé 500 f par jour mais je l'aurais fait gratuitement tellement c'était le bonheur. Je jouais aux boules avec Zavatta, Gruss me laissait prendre les chevaux que je voulais... Je suis même entré dans la cage aux lions une fois, avec Arlette Gruss. J'étais pas fier ! J'ai toujours été un peu inconscient, j'ai souvent dormi dans des endroits où les gens auraient eu peur des loups, dans des tours perdues dans la forêt du Var, là où l'on chassait le sanglier. C'est pour ça que j'adore les gens du voyage, les manèges, les gitans, j'aurais aimé devenir forain. J'étais jeune et j'avais besoin que les vieux me racontent des choses, surtout dans ces milieux-là, où il y a tant d'histoires fabuleuses qui se racontent entre les générations. J'étais fracassé par ça. Quand j'ai quitté le cirque, Gruss m'a offert un bébé lion qu'il avait baptisé Christophe. Je l'ai trimballé trois jours dans les chambres d'hôtel, accroché au lit, et lorsque la fille arrivait le matin pour servir le petit déjeuner, elle manquait de se faire bouffer par Christophe (rires)... Il a fini sur les hauteurs de Nice, chez un type qui s'occupait d'animaux, il était sûrement plus heureux là que dans les hôtels. Et puis, un jour, j'ai ouvert le journal et je suis tombé sur cette phrase terrible : "Le lion Christophe est mort !"

Après cette pause, as-tu eu l'impression de démarrer une seconde carrière ?

Je n'ai jamais considéré ce qui m'arrivait en termes de carrière. J'ai toujours suivi mon instinct. C'est la même chose lorsque je conduis, que je fais de la vitesse : c'est l'instinct animal qui prend le dessus. A partir des années 70, lorsque j'ai signé avec Francis Dreyfus sur le label Motors, j'ai commencé à réfléchir en termes d'album, de concept-album comme on disait à l'époque. Mais je peux vous assurer que j'avais déjà Les Paradis perdus en tête lorsque j'ai fait Aline ­ il fallait juste que les choses mûrissent. Les cassures, cela m'a aidé à me retrouver, et je suis vite passé à des choses plus personnelles, à partir de La Petite fille du troisième. Cette chanson est déterminante dans ma façon d'écrire à ce moment-là : à partir d'un truc très ordinaire ­ l'histoire d'une concierge qui balaie ­, je me suis mis à sa place, comme dans un film, genre Delicatessen. J'écrivais le scénario en musique, et après on tournait l'histoire avec le parolier et les musiciens. Les gens s'imaginent que nous passions des mois en studio pour faire des albums très léchés comme Les Mots bleus ou Les Paradis mais, en réalité, nous allions très vite, sans vraiment nous préoccuper de l'efficacité commerciale ou de la mode du moment. C'est sans doute pour ça que ces disques représentent quelque chose de fort pour certaines personnes. On doit les prendre comme des sortes d'ovnis.

Comment as-tu réagi lorsque Le Beau bizarre a été choisi par Libération comme l'un des meilleurs albums des vingt dernières années ?

La valeur de mon travail a toujours été reconnue sur le tard et, à propos du Beau bizarre, j'ai à peu près tout entendu : album punk, décadent... On m'a collé cette étiquette de dandy, et un public beaucoup plus intello s'est mis à écouter mes disques. Moi-même, j'ai un attachement très particulier pour cet album, j'ai ressenti en le faisant une sorte de magie que beaucoup de gens ont ensuite partagée. J'avais cette façon si particulière de chanter parce que, à l'époque, justement, je commençais à déchanter un peu. C'est curieux, je n'ai jamais chanté sans une tonne de réverbération, j'adore ces sonorités qui tombent du ciel. Je ne suis pas un chanteur, je ne peux pas chanter avec un casque sur les oreilles. Sur le dernier album, je me suis fait construire une chaise, une sorte de chaise électrique, avec deux enceintes au niveau des oreilles et un micro disposé de façon à éviter les larsens. Une chaise montée sur roulettes, pour que je puisse chanter en me baladant dans le studio. Alan Vega en était tellement jaloux que je la lui ai offerte à la fin de l'enregistrement.

Pour un amateur de blues comme toi, travailler avec des synthés n'était-il pas le comble de la trahison ?

Moi, je voulais faire un truc personnel et les synthés, à l'époque, représentaient l'avant-garde. Je me suis mis à écouter Kraftwerk, des trucs planants : c'était un peu comme le blues, comme une nouvelle source. Plus tard, j'étais fondu de ce type, là, avec ses cheveux transparents, un genre de Bowie... Numan, Gary Numan ! Et puis Alan Vega, mon Dieu, mon idole ! Voilà un type qui a su mélanger mes deux passions : le rock'n'roll, donc le blues, et les machines. Il est venu me voir au studio pendant l'enregistrement du nouvel album et, plutôt qu'un banal duo, on a eu l'idée d'enregistrer cette partie de poker et de transformer ça en chanson. Je suis très flatté de sa présence. Martin Rev, son acolyte de Suicide, est lui aussi venu travailler avec moi pendant que je composais. On a bidouillé des trucs ensemble mais bon, il fallait que j'aille au bout de moi-même. Le problème est que Martin est un type d'une lenteur phénoménale et ce n'était pas franchement conciliable avec moi, qui suis déjà très lent dans le travail. Comme nous étions lancés, ma petite équipe et moi-même, on ne pouvait pas se permettre de ralentir.

Aimerais-tu travailler avec des remixeurs ?

Il en est question, oui. J'adorerais faire remixer des titres par Leftfield, qui est sans doute mon groupe préféré à l'heure actuelle. J'adore aussi Transglobal Underground, Massive Attack... Je m'intéresse aussi aux remixeurs français, il y en a de très bons. Un DJ comme Pacman a une approche du son qui me paraît très personnelle. J'ai sans cesse besoin d'écouter de nouveaux trucs. Si tu m'enlèves la musique, je suis mort. Comme si tu m'enlèves les bagnoles ou les femmes. Je vais chez les disquaires, je fouine, je demande des conseils. Je ne suis pas Johnny Hallyday : je ne me fais pas livrer les disques à domicile pour faire bien.

Te sens-tu des affinités avec Polnareff, qui s'est éclipsé lui aussi pendant des années ?

Pas du tout. Je ne suis pas le genre de type à prendre les gens de haut, à piquer des colères pour tout et n'importe quoi. Moi, j'aime les gens, les rencontres, la simplicité. C'est pour ça que j'aime tant jouer aux boules. Tu me dis que ça fait des années mais, pour moi, c'est comme si ça faisait trois mois. J'ai l'impression d'être en 65, qu'Aline vient de sortir et que je débarque. Sauf que j'ai peut-être des choses qui sont restées gravées.

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