Boulogne, ça résonne bien

[david]

Mars 2010 Boulogne-Billancourt

Après quarante ans de scène et des générations de public, Daniel Bevilacqua alias Christophe n’a rien d’un
chanteur « vintage ». Il est en route, tout simplement. Mardi 23 mars, ses mots bleus résonneront au Carré
Belle-Feuille.

Vous avez démarré une carrière fulgurante avec le tube Aline que vous avez sorti à 20 ans. Vous aviez conscience de cela à l’époque ?

Je n’en n’ai toujours pas conscience. Je ne suis pas traversé pas ces questions. Je m’interroge seulement sur le mystère de la création.
J’ai commencé très tôt. Mon premier disque, Reviens Sophie, je l’ai sorti à 16 ans.
Et bien avant, je chantais dans les salles des fêtes. Pourtant j’étais timide. Je m’étonnais. Je m’étonne encore.

C’était un défi ?

Le défi ne fait pas partie de ma personnalité. Je fais les choses par plaisir, par passion. Et aujourd’hui, j’ai toujours la flamme.
Je ne pense pas au showbiz, ni à la carrière.
J’ai d’ailleurs un trou d’une décennie durant laquelle je n’ai pas sorti de disque.
Je ne suis pas un bon élève.
Je peux être présent si le cours me plaît, tout comme je peux me tirer sous le préau.

Vous avez fait une longue pause entre 1983 et 1996, mais au fond, vous n’avez jamais cessé de composer… Jusqu’à votre dernier disque (2008) ?




C’est vrai, c’est ma passion et pourtant mes disques naissent par hasard.
Je n’aime pas me rendre compte que je travaille.
Je suis toujours dans la musique et quand je suis sur la route, j’ai un studio mobile : si j’ai quelque chose en tête, je l’enregistre.
Je n’ai jamais laissé s’échapper le gimmick qui est en moi.

Le gimmick ?

C’est ce qui vient à vous et qui vous illumine, c’est quand on ressent quelque chose de différent, une belle résonnance.

Comment a évolué votre style jusqu’à votre rencontre avec votre nouveau public aujourd’hui ?


Ma musique est instinctive, émotionnelle.
Elle est juste une sensation qui vient à ma rencontre.
Je suis entouré de beaucoup de synthétiseurs « vintage » 1971, 1975 et je viens d’acheter deux pianos à queue 1911. Je suis passionné par la note et
par le son.
C’est le son qui me donne les mots.
Je n’ai pas choisi de faire la route 65 des yéyés.
Aujourd’hui j’ai la surprise de rencontrer une nouvelle génération de public.
C’est excitant.
Je ne sais pas si j’aurais aimé avoir
l’image de ma génération seulement.
Je suis quelqu’un qui recherche l’esthétique.
Et dans le regard des jeunes, il y a quelque chose qui me donne de l’énergie.

Vous êtes un collectionneur de juke-boxes. Quelle musique aimez-vous écouter ?

J’en possède six, sur lesquels je passe des 78 tours. J’écoute ma collection de blues, de jazz et puis aussi beaucoup de chansons anciennes. Des textes des années 20, Brassens... Ça a un son particulier.

Votre concert à Boulogne-Billancourt résumera 40 ans de carrière ?

Non c’est un passage et puis ça continue… Boulogne, ça résonne bien pour moi.
J’ai vécu à Boulogne.
J’ai passé beaucoup de temps au chalet d’Auteuil, je suis un fou de parties de boules.
C’est mon seul sport.
Je connaissais un catcheur qui avait un resto à Boulogne où on se retrouvait le soir avec des amis.
Je me souviens aussi de la fête à Neuneu avec Darry Cowl.
J’ai bien connu les studios.
Et puis c’est à Boulogne que j’ai fait les premiers arrangements d’Aline et Les
Marionnettes. • Propos recueillis par Domitille de Veyrac