Alain Bashung a disparu
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Alain Bashung a disparu
Alain Bashung nous a quitté ce samedi 14 mars. Après avoir reçu 3 victoires de la musique il devait assurer malgré son cancer quelques dates de concerts. Notre journaliste critique musical Alain Wais avait choisi en ce début du mois de mars d'évoquer ce personnage si particulier du paysage musical français en réalisant une comparaison avec un autre monument rebelle Christophe, en pleine tournée également. Femmes.com vous propose de redécouvrir cet article original évoquant deux hommes qui se sont forgé une place à part, à force de créativité et de différence.
Au jeu des comparaisons, le penseur, ce serait Bashung et Christophe, le rêveur. Comme ça, à la diable, pour couper court. Christophe, par la force des choses, se reconnait par le prénom. Bashung, plus généralement, par le nom de famille. A eux deux, mine de rien, c’est déjà un abécédaire de la chanson française. A et B pour Alain Bashung, l’Alsacien, tendu vers le rock. C pour Christophe, le Rital, tourné vers la techno. Tous deux beaux comme le blues et hantés par le même : musique de nègre dans les champs de coton pour visages pâles en quête de beauté, du diable si possible.
Tout autant torturés et triturant à qui mieux-mieux la chose musicale. Egaux en cela devant la création, mais bien sûr chacun un peu plus que l’autre : Christophe a fait le yéyé, Bashung a failli. Mais aujourd’hui et depuis déjà lurette, quoi ou qu’est-ce, ils n’en font qu’à leur tête. Qu’ils ont bien faites, photogénie comprise.
Bashung a vendu beaucoup (Gaby, Vertige de l’amour) puis moins (Play Blessures, Figure imposée avec Gainsbourg) et de nouveau bien (Osez Joséphine, Ma petite entreprise, Fantaisie militaire, Bleu Pétrole). Christophe a vendu énormément (Aline, Les marionnettes, Señorita, Les mots bleus) puis plus beaucoup (Le Beau bizarre), et maintenant mieux (Bevilacqua, Comm’ si la terre penchait, Aimer ce que nous sommes).
Christophe est né en 1945, Bashung en 1947. Cela aussi, c’est réglé au métronome : 2 ans d’écart dans l’immédiat après-guerre. Libérés pour la suite : « Je ne devais pas être chanteur au départ, se souvient Christophe. Mon truc, c’était le cinéma. J’avais une caméra Baulieu, je filmais tout le temps, mais j’ai abandonné faute de moyens pour acheter la pellicule. J’ai chanté parce que j’aimais le blues, tout le blues de Sam Philips, le rock de Cochran, et puis Elvis est arrivé sur scène, j’avais 13 ans, en banlieue, à Juvisy. »
Les souvenirs de Bashung y ressemblent : « La guitare, je découvrais l’effet que ça pouvait faire sur les filles, c’était intéressant : l’Elvis de la région. Sinon il y avait beaucoup d’ennui. Dans le village, on se disait : « Tiens ! Il fait ça, lui, on savait pas, eh ben, on en a un dans le village », sans plus. Moi, je préférais Gene Vincent, Buddy Holly. »
Tout est dit là : le blues, le rock, le cinéma, la séduction, les fondations sur lesquelles ils ont construit leur univers avant de les déconstruire pour bâtir leur style. Christophe et Bashung ont en commun de ne pas l’être, justement. De n’avoir rien de commun, non plus, avec leurs pairs de la chanson francophone. Une différence qu’ils ne cultivent pas, poussée d’elle même, sauvage par nature, et avec laquelle ils doivent composer. Ce qu’ils font à merveille et par profession. Tous deux repoussent les limites, inventent, innovent, transcendent. Un îlot dans le paysage, comme le nez en plein milieu du visage mais à la manière de Cyrano : « une presqu’île ». Ca saute aux yeux. Et aux oreilles, surtout.
Deux oiseaux de nuit, à la recherche de la note bleue, du son idéal, ils sont musiciens de toute leur âme. Quand il enregistre, Christophe dort dans le studio d’enregistrement, sous le piano, « pour écouter le silence », dit-il. Il vit dans l’éther, là où sa musique l’entraîne, et sa voix, si haute, le conduit. Bashung, lui, est bien plus grave, au diapason de sa voix, traquant l’émotion à fleur de gamme d’une musique si intense, avec des textes qui chantent la douleur des rapports humains, même s’il emploie la dérision.
Ce sont des esprits compliqués, très peu fastoches à cerner, mais des hommes simples, d’accès facile. Bien plus attachés à ce qu’ils font qu’à ce qu’ils sont. Stars à leurs corps défendant. Car il leur suffit d’être sur scène, le halo d’un projecteur sur eux, pour que leur image, leurs attitudes, porteuses des mythes du rock en noir et blanc, rayonnent. Ils se suffisent à eux-mêmes mais ne s’en contentent pas. L’un comme l’autre envisagent leurs concerts comme un spectacle total, font appel à des artistes contemporains pour les décors ou les films projetés sur scène (tous deux ont d’ailleurs travaillé avec Dominique Gonzalez-Foerster).
Depuis la sortie de Bleu Pétrole, Bashung mène une tournée au long cours, à raison de 3 concerts par semaine, au rythme de la chimiothérapie qui soigne un cancer du poumon. A Paris, il a déjà rempli plusieurs Olympia et Elysée Montmartre, avant de s’attaquer en mars au Grand Rex. L’émotion était palpable lorsqu’il a été par 3 fois primé aux dernières Victoires de la musique samedi soir au Zénith de Paris .
Ceux qui ont eu la chance de voir le spectacle de Christophe à l’Olympia en 1974 (mis en scène par Jean-Michel Jarre et en magie par Dominique Webb, le chanteur s’était envolé avec son piano blanc avant de faire un tour complet sur lui-même), attendent avec impatience celui, mis en scène par l’architecte-designer Andrée Putman, qu’il donnera au même endroit à partir du 11 mars. L’un comme l’autre émerveillent.
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