Jean-Michel Jarre et Christophe se redisent des mots bleus
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Jean-Michel Jarre et Christophe se redisent des mots bleus
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Exclusif
Paris, lundi 4 avril. Jean-Michel Jarre (à gauche) s’est rendu chez Christophe pour préparer le nouvel album du chanteur d’« Aline ». Il lui a même écrit une chanson.
LP / Olivier Lejeune
Il est 19 heures, Christophe s'éveille. Sur la porte de son appartement parisien, la pancarte « Nid d'amour, ne pas déranger » fait sourire Jean-Michel Jarre. Christophe ouvre, ils s'embrassent, reprennent une discussion sur l'achat de deux chaises... Ces deux-là nourrissent une amitié de plus de quarante ans.
C'est peu connu ou oublié, mais Jarre a écrit les textes des deux albums fondateurs de Christophe, « les Paradis perdus » et « les Mots bleus », en 1974 et 1975. On lui doit les paroles d'« Où sont les femmes ? » de Juvet et de « Que vas-tu faire ? » de Françoise Hardy. Quarante ans plus tard, ces deux pionniers de l'électro devenus sexagénaires reviennent au sommet. Jarre a écrit les paroles d'une chanson du nouvel album de Christophe, « les Vestiges du chaos », qui sort aujourd'hui. Et Christophe chante un titre en anglais sur « Electronica 2 », le deuxième volet attendu le 6 mai du passionnant projet collectif de Jarre.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
JEAN-MICHEL JARRE. Grâce à Francis Dreyfus. Nous étions tous les deux dans sa maison d'édition et de disques. Nous partagions une passion pour les albums concept et la magie. Nous avons travaillé ensemble pour un spectacle du magicien Dominique Webb, où son piano volait. Dès notre première chanson, « les Paradis perdus », tout était dit. Au risque de décevoir les gens, je pense qu'on fait toujours le même album. On cherche juste le disque ou le morceau définitif.
CHRISTOPHE. Nous sommes complémentaires. Moi, j'ai un côté à fleur de peau, ma culture va arriver, elle n'est pas encore là. Jean-Michel a un côté plus intello. Lui, il a écrit « les Mots bleus » ; moi, « les Marionnettes ». Vous voyez la différence ?
Vous êtes des frères de son ?
J.-M.J. Totalement. On aime les mêmes instruments. La différence, c'est que, quand on a commencé, on avait deux-trois instruments. Aujourd'hui, la technologie pourrait nous faire croire qu'il n'y a plus de limites, c'est à nous de mettre nos propres limites.
C. Les instruments, c'est comme des jouets. Chaque nouveau nous donne des idées, une chanson. Je suis échangiste... dans la musique. Dans la vie, non... Ça viendra peut-être. On est des peintres, des sculpteurs.
Cela explique, Christophe, que huit années se soient écoulées depuis votre dernier disque inédit ?
C. On n'est pas des clients, on est difficiles. Je me rends compte en faisant des interviews que mon nouvel album est déjà derrière moi. Un album n'est jamais fini, car il reflète toujours le prochain.
J.-M.J. En quarante ans, la structure de l'industrie du disque a énormément changé. Nous, nous n'avons pas changé. On est capables de passer quatre ou cinq ans sur un album, des nuits entières. Pendant ce temps, les gens ont changé trois fois dans les maisons de disques. Avec ce qu'on a fait, on ne sort plus d'album pour sortir un album. Il faut qu'on y croie.
Comment se sont passées vos retrouvailles ?
J.-M.J. J'adore ce mot, il est d'ailleurs dans « les Mots bleus ». Christophe, c'est comme la famille, on ne se voit pas forcément, mais on ne se perd jamais vraiment. Mais il y a des biorythmes, des moments pour se retrouver. Christophe m'a fait écouter les maquettes de son disque. J'ai eu un flash : « J'ai le titre et on va faire tout l'album ensemble. » C'était très prétentieux de ma part, car j'étais sur mon propre album...
C. Je l'ai rappelé un jour : « Alors, tu viens ou non ? Je vais passer pour un con vis-à-vis de mon label. » (Rires.)
J. -M.J. C'est vrai. Alors on a fait comme on a toujours fait. Il m'a envoyé la musique et la mélodie vocale en Yop (NDLR : en yaourt) et j'ai écrit le texte en une nuit.
C. J'ai gardé son idée de titre pour l'album car il résume tout. Je ne lui avais pourtant pas tout dit, mais j'ai failli arrêter cet album. J'en ai bavé.
Et pour la première fois, Christophe chante pour Jarre...
J.-M.J. Christophe m'inspire, sa voix est un instrument de musique. J'aime son côté schizophrène, entre Fellini et « Blade Runner », le personnage romanesque, les vestiges du chaos... (Il montre l'appartement et rit.) Cette fois, je voulais qu'il joue de l'harmonica et chante en anglais, pour étonner les Anglais. Comme c'est écrit dans « les Paradis perdus ».
C. J'ai fait des efforts, je me suis adapté. On l'a enregistré chez moi, une nuit. La nuit du Bataclan. (Silence.)
Que pensez-vous des « Paradis perdus » revus par Christine and the Queens ?
C. Elle a été inspirée. J'aime bien qu'elle ait mélangé, transformé...
J-.M.J. Elle a barbouillé ce qu'on a fait et lui a donné une nouvelle vie. C'est très bien comme ça.
Vertigineux *****
Vestiges du chaos, vertiges du chaos. Le treizième album de Christophe est vertigineux. Un disque audacieux, ambitieux, parfois déglingué, tout en étant mélodieux, accessible, populaire. A bientôt 70 ans, Christophe réussit encore à nous étonner avec un disque de jeune loup, moderne, insaisissable, dangereux.
Pour nourrir cette nouvelle odyssée de blues électronique en apesanteur, cet insatiable chercheur, toujours l'oreille et l'œil en éveil, est allé chercher du sang frais, des jeunes plumes féminines, telles Laurie Darmon et Maud Nadal, et des nouveaux sorciers du son, comme Clément Ducol. Il a aussi transcendé le passé, pour offrir un poignant hommage à Lou Reed (« Lou ») et un duo ébouriffant (« Tangerine ») à son vieux complice de Suicide, Alan Vega.
Vestiges du chaos, vertiges de l'amour... On les écoute comme on regarde un grand film sans faute de goût ni temps mort. Où cet éternel dandy joue le premier rôle sans toujours se donner le beau rôle, celui du latin lover transi des « Mots bleus » et d'« Aline ». Sauf qu'à la clé il y a un happy end. Celui du meilleur album de l'année. Christophe a mis la barre très haut.
« Les Vestiges du chaos », Christophe, Capitol, 16,99 € ; en tournée en France le 26 mai à Reims, puis les 31 janvier, 1er, 2 et 3 février 2017 salle Pleyel, à Paris.
Quarante ans après « les Mots bleus », Christophe et Jean-Michel Jarre célèbrent leurs retrouvailles. Ils se racontent ensemble, chez le chanteur.
Propos recueillis par Éric Bureau | 08 Avril 2016, 00h00 | MAJ : 08 Avril 2016, 11h061/2 réagir
Exclusif
Paris, lundi 4 avril. Jean-Michel Jarre (à gauche) s’est rendu chez Christophe pour préparer le nouvel album du chanteur d’« Aline ». Il lui a même écrit une chanson.
LP / Olivier Lejeune
Il est 19 heures, Christophe s'éveille. Sur la porte de son appartement parisien, la pancarte « Nid d'amour, ne pas déranger » fait sourire Jean-Michel Jarre. Christophe ouvre, ils s'embrassent, reprennent une discussion sur l'achat de deux chaises... Ces deux-là nourrissent une amitié de plus de quarante ans.
C'est peu connu ou oublié, mais Jarre a écrit les textes des deux albums fondateurs de Christophe, « les Paradis perdus » et « les Mots bleus », en 1974 et 1975. On lui doit les paroles d'« Où sont les femmes ? » de Juvet et de « Que vas-tu faire ? » de Françoise Hardy. Quarante ans plus tard, ces deux pionniers de l'électro devenus sexagénaires reviennent au sommet. Jarre a écrit les paroles d'une chanson du nouvel album de Christophe, « les Vestiges du chaos », qui sort aujourd'hui. Et Christophe chante un titre en anglais sur « Electronica 2 », le deuxième volet attendu le 6 mai du passionnant projet collectif de Jarre.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
JEAN-MICHEL JARRE. Grâce à Francis Dreyfus. Nous étions tous les deux dans sa maison d'édition et de disques. Nous partagions une passion pour les albums concept et la magie. Nous avons travaillé ensemble pour un spectacle du magicien Dominique Webb, où son piano volait. Dès notre première chanson, « les Paradis perdus », tout était dit. Au risque de décevoir les gens, je pense qu'on fait toujours le même album. On cherche juste le disque ou le morceau définitif.
CHRISTOPHE. Nous sommes complémentaires. Moi, j'ai un côté à fleur de peau, ma culture va arriver, elle n'est pas encore là. Jean-Michel a un côté plus intello. Lui, il a écrit « les Mots bleus » ; moi, « les Marionnettes ». Vous voyez la différence ?
Vous êtes des frères de son ?
J.-M.J. Totalement. On aime les mêmes instruments. La différence, c'est que, quand on a commencé, on avait deux-trois instruments. Aujourd'hui, la technologie pourrait nous faire croire qu'il n'y a plus de limites, c'est à nous de mettre nos propres limites.
C. Les instruments, c'est comme des jouets. Chaque nouveau nous donne des idées, une chanson. Je suis échangiste... dans la musique. Dans la vie, non... Ça viendra peut-être. On est des peintres, des sculpteurs.
Cela explique, Christophe, que huit années se soient écoulées depuis votre dernier disque inédit ?
C. On n'est pas des clients, on est difficiles. Je me rends compte en faisant des interviews que mon nouvel album est déjà derrière moi. Un album n'est jamais fini, car il reflète toujours le prochain.
J.-M.J. En quarante ans, la structure de l'industrie du disque a énormément changé. Nous, nous n'avons pas changé. On est capables de passer quatre ou cinq ans sur un album, des nuits entières. Pendant ce temps, les gens ont changé trois fois dans les maisons de disques. Avec ce qu'on a fait, on ne sort plus d'album pour sortir un album. Il faut qu'on y croie.
Comment se sont passées vos retrouvailles ?
J.-M.J. J'adore ce mot, il est d'ailleurs dans « les Mots bleus ». Christophe, c'est comme la famille, on ne se voit pas forcément, mais on ne se perd jamais vraiment. Mais il y a des biorythmes, des moments pour se retrouver. Christophe m'a fait écouter les maquettes de son disque. J'ai eu un flash : « J'ai le titre et on va faire tout l'album ensemble. » C'était très prétentieux de ma part, car j'étais sur mon propre album...
C. Je l'ai rappelé un jour : « Alors, tu viens ou non ? Je vais passer pour un con vis-à-vis de mon label. » (Rires.)
J. -M.J. C'est vrai. Alors on a fait comme on a toujours fait. Il m'a envoyé la musique et la mélodie vocale en Yop (NDLR : en yaourt) et j'ai écrit le texte en une nuit.
C. J'ai gardé son idée de titre pour l'album car il résume tout. Je ne lui avais pourtant pas tout dit, mais j'ai failli arrêter cet album. J'en ai bavé.
Et pour la première fois, Christophe chante pour Jarre...
J.-M.J. Christophe m'inspire, sa voix est un instrument de musique. J'aime son côté schizophrène, entre Fellini et « Blade Runner », le personnage romanesque, les vestiges du chaos... (Il montre l'appartement et rit.) Cette fois, je voulais qu'il joue de l'harmonica et chante en anglais, pour étonner les Anglais. Comme c'est écrit dans « les Paradis perdus ».
C. J'ai fait des efforts, je me suis adapté. On l'a enregistré chez moi, une nuit. La nuit du Bataclan. (Silence.)
Que pensez-vous des « Paradis perdus » revus par Christine and the Queens ?
C. Elle a été inspirée. J'aime bien qu'elle ait mélangé, transformé...
J-.M.J. Elle a barbouillé ce qu'on a fait et lui a donné une nouvelle vie. C'est très bien comme ça.
Vertigineux *****
Vestiges du chaos, vertiges du chaos. Le treizième album de Christophe est vertigineux. Un disque audacieux, ambitieux, parfois déglingué, tout en étant mélodieux, accessible, populaire. A bientôt 70 ans, Christophe réussit encore à nous étonner avec un disque de jeune loup, moderne, insaisissable, dangereux.
Pour nourrir cette nouvelle odyssée de blues électronique en apesanteur, cet insatiable chercheur, toujours l'oreille et l'œil en éveil, est allé chercher du sang frais, des jeunes plumes féminines, telles Laurie Darmon et Maud Nadal, et des nouveaux sorciers du son, comme Clément Ducol. Il a aussi transcendé le passé, pour offrir un poignant hommage à Lou Reed (« Lou ») et un duo ébouriffant (« Tangerine ») à son vieux complice de Suicide, Alan Vega.
Vestiges du chaos, vertiges de l'amour... On les écoute comme on regarde un grand film sans faute de goût ni temps mort. Où cet éternel dandy joue le premier rôle sans toujours se donner le beau rôle, celui du latin lover transi des « Mots bleus » et d'« Aline ». Sauf qu'à la clé il y a un happy end. Celui du meilleur album de l'année. Christophe a mis la barre très haut.
« Les Vestiges du chaos », Christophe, Capitol, 16,99 € ; en tournée en France le 26 mai à Reims, puis les 31 janvier, 1er, 2 et 3 février 2017 salle Pleyel, à Paris.
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