Au Havre, dans les coulisses du concert de Christophe

[david]

Mythe. Dans notre rubrique « En coulisses », un membre de la rédaction raconte un événementpar le petit bout dela lorgnette. Aujourd’hui,le concert magique de Christophe au théâtre de l’Hôtel de Ville du Havre.

Celui qui se fait appeler le Beau Bizarre, titre d’un de ses albums des années 70, tête d’affiche du Tetris, a donné un somptueux concert sur la scène du théâtre de l’Hôtel de Ville, jeudi soir. Nous l’avons suivi tout au long de la soirée.
Jeudi 4 décembre, 17 h

On sait que Christophe est arrivé en voiture en fin de nuit, car il aime se laisser envahir par l’atmosphère matinale des villes où il fait étape pour son Intime Tour. Il nous le confirmera plus tard. « J’adore les villes portuaires. Le Havre, c’est une ville inspirante. Moi-même, je passe désormais le plus clair de mon temps à Tanger. » Mais le régisseur général de la tournée, Grégory nous l’a bien précisé au téléphone la veille. « Il sera au théâtre à 17 h. Avant, il aime bien être seul... » A l’heure dite, je me faufile dans les couloirs du théâtre où je fais connaissance avec Grégory. Le maestro vient d’entrer en scène pour les réglages du show de la soirée. Lunettes bleutées, chevelure longue, le pantalon rentré dans les santiags noires, et veste grise, le dandy de la variété sophistiquée s’installe au piano, un Steinway demi-queue. On reconnaît la mélodie des Mots Bleus. Christophe fredonne ce hit si follement romantique de sa voix de tête reconnaissable entre mille. Ça démarre bien...
17 h 30

« Il sonne bien, ce théâtre », juge Christophe. « Et il est beau ce piano. » La star semble animée par la bienveillance. Mais sa réputation de maniaque de la technique ne semble pas usurpée. Dans cette tournée où il joue en solitaire, le chanteur passe du piano aux synthés et aux guitares et pour ce réglage sonore, chaque point de détail est vérifié. De mon poste d’observation en coulisses, je décide de passer en salle et profiter pour moi tout seul de ce teasing délicieux du concert à venir. On en frissonne d’aise en reconnaissant les extraits de tubes plaqués or des débuts et les chansons électro-planantes de sa seconde partie de carrière.


18 h 45

« Ça sent la bouffe », lance Christophe qui n’a pas arrêté de jauger l’acoustique de la salle, les retours sur scène, la chambre d’écho, le lancement des samples... Un travail d’orfèvre que suit Anton, son assistant sur scène. « Dans les théâtres comme celui-là, il aime bien peaufiner longtemps car il se sent bien. Mais parfois, les balances sont plus courtes. Christophe fait signe à la régie que tout est ok. Le chanteur m’aperçoit, se dirige vers moi, me serre la main. « Je n’ai pas trop de temps, mais vous être le bienvenu. Et puis, après le concert, on aura le temps de se voir. Là, je vais faire une petite sieste en loge et puis bosser sur la set-list, écrire ce que je vais dire au public havrais. À plus tard... »



19 h 30
Sur scène, les techniciens nettoient, vérifient quelques branchements, puis partent manger. Seul Paul-Etienne Berlioz, facteur de piano havrais qui loue le Steinway accorde l’instrument au mieux. Anton, l’assistant, revient très vite pour vérifier les guitares, des instruments au look vintage. « À part le piano, les guitares comme les synthés appartiennent à Christophe. Il ne peut pas jouer sur autre chose... » Je demande si la set-list est terminée. « En général, il nous la donne dix minutes avant d’entrer en scène. »


20 h 15
Le théâtre est plein. Christophe, concentré, mais décontracté, sort de sa loge, descend les escaliers. Il voit le facteur de piano et s’entretient avec lui comme si le concert était encore loin. Sa passion de la technique musicale semble toujours la plus forte. Puis le noir se fait. L’artiste suit les flèches tracées au sol. À 20 h 30, ponctuel comme la SNCF que les jeunes de moins de vingt ans n’ont pas connue, Christophe sort de l’ombre, entre en pleine lumière, s’installe au piano. Musique, maestro...


22 h 30

Ovation du théâtre. Christophe a offert un récital au charme fou, d’une élégance rare, enchaînant les tubes à l’aise à tous les instruments. Il se permet même de reprendre Brassens à la guitare acoustique sans être ridicule. Entre nostalgie proustienne, mélancolie subtile, dandysme à l’italienne, chamanisme électro et humour décalé, le chanteur réalise un sans-faute. La classe intégrale !


23 h

Christophe m’invite dans sa loge. Le critique rock havrais Jérôme Soligny est également convié pour lui offrir son livre recensant ses articles dans Rock & Folk dont un est consacré au Beau Bizarre. Coupe de champagne pour tout le monde. Christophe se montre attentionné, le concert l’a visiblement comblé. « Le public était très attentif, à l’écoute, tout en témoignant de sa chaleur, de ses envies. Ils sont bien, ces Havrais. » Le chanteur nous parle de sa musique, de sa tournée, de ses fans. Il est presque minuit. « J’ai bien envie de manger des fruits de mer avant de rentrer sur Paris », lance-t-il à son équipe. Christophe en décalage horaire, fidèle à sa légende...
Philippe LENOIR (Photos Boris MASLARD)

Christophe au moment des réglages des ses précieuses guitares, se fait aider par son fidèle assistant Anton

A la sortie de la loge, avant l’entrée en scène

Sur scène, l’artiste salue le public avec élégance et chaleur

Sur son prompteur, Christophe a écrit ses intermèdes parlés

Avec Jérôme Soligny, après son concert

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