Une pétanque avec Christophe, le dandy de la chanson française
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Une pétanque avec Christophe, le dandy de la chanson française
Une pétanque avec Christophe, le dandy de la chanson française
C’est au festival de Calvi On The Rocks que Vanity Fair est allé rencontrer le chanteur Christophe, alors au cœur de son Intime Tour. Prochain album, cinéma, mode et partie de pétanque : le chanteur se confie sans détour.
Calvi, juillet 2014 ; entre des noms de duos de DJ, des Pachanga Boys à Buraka Som Sistema, le nom de Christophe apparaît sur l’affiche auréolée de toute la sobriété du surnom qui colle à la peau, depuis maintenant 50 ans, de Daniel Bevilacqua. En première partie de soirée du festival, devant un public médusé composé de quelques nostalgiques du cool, l’interprète culte d’Aline (1965) et des Mots bleus (1974) habite la scène, seul avec son piano, pour une demi-heure de live ultra épuré qui reprend en quelques accords désarticulés ses plus grands tubes. Ainsi débute la grande tournée française de son album le bien nommé Intime, des Vieilles Charrues à Calvi, l’Intime Tour étant un pari osé pour le chanteur, « toujours excité par l’inconnu et l’aventure ». Et si à mes côtés des trentenaires, ravis, scrutent sa silhouette sur scène et tanguent sur des airs si connus, derrière moi les kids venus se trémousser à un festival électro hallucinent : « C’est le Christophe ? Je pensais que c’était le nom d’un DJ inconnu... On a raté tout le début ? » Plutôt : voici le chanteur qui murmure, susurre, esquissant des notes et prévient, avant de quitter la scène : « Bientôt, je vais partir. Voilà. » Entre deux jets de fumée dans l’atmosphère bleuâtre du live, il finit donc sa chanson et sa tête blonde disparaît, quittant l’instant dans toute son évanescence. « C'était un peu court, j'étais un peu perdu par le temps, en principe j’aime m’installer et me laisser sentir des choses. Mais les gens étaient super », concèdera-t-il le lendemain, quand je le rencontre tranquillement en fin de journée, en terrasse, autour d’un verre.
Et à ceux qui pensent que c’était décalé d’avoir une légende de la chanson française à Calvi, le chanteur, d’une voix douce, nous rappelle : « J'ai beaucoup fait d'électronique depuis 1972, j'ai toujours évolué avec donc je connais bien le domaine, de la musique suédoise à un groupe anglais que personne ne connaît, The Irrepressibles. Mais là, je suis sur scène pour montrer mon apprentissage au piano, sauf qu’hier le piano n’était pas bon, j’étais triste. Même si j’apprends encore, je suis très difficile sur la qualité de l’instrument, j'ai besoin d'en avoir un magique pour pouvoir m'exprimer à mon niveau. D’ailleurs, je me suis offert un Steinway & Sons de 1911. » Toujours avide de s’améliorer – mais s’émancipant des carcans traditionnels, assumant totalement de chanter l’anglais « en yaourt », par exemple, l’adepte du clavier s’est donc sérieusement mis aux leçons de piano au côté de l’excellente pianiste Polonaise Justyna Chmielowiec, qui l’a charmé un matin d’été en le réveillant, chez des amis communs à Aix-en-Provence, au son de Lizst et de Chopin : « Justyna joue comme un dieu. Parce que je ne connais pas la musique, et que je joue uniquement à l'instinct, je lui ai demandé de me montrer des accords. C’est avec elle que j’ai compris que la musique, c'était mathématique. »
Après quelques minutes d’interview, on nous interrompt pour un impératif de première instance : une partie de pétanque avec Pierra Siméoni, la présidente du festival Calvi On The Rocks, qui l’attend de pied ferme pour tâter le terrain poussiéreux tandis que le soleil se couche. Car c’est la lubie de Christophe, qui taquine les boules depuis pas mal d’années déjà : « Je retrouve toujours les mêmes, et je joue au jardin du Luxembourg. » Bien que débutante, il m’accepte dans son équipe, – on a tous été débutant un jour, ai-je plaidé en ma faveur, et me fait très gentiment comprendre qu’il n’est pas question qu’on perde la face à son sport favori. On s’en sortira plus ou moins dignement avec un 11-10, sans entacher la fierté corse de l’habitant au passage, avant d’aller continuer la conversation dans le restaurant de Pierra, bonne perdante, U Fornu, dans le centre de Calvi.
Sur le chemin, Christophe me parle de sa passion pour la mode et de la garde-robe qu’il se créé sur-mesure depuis ses 28 ans : « J'aime bien la mode, je regarde des docus sur la mode et chez moi, j’ai souvent Fashion TV branché sur mon rétroprojecteur. En ce moment, je cherche des jeans enduits, je suis en train de changer de style. Je n’aime pas tous ces mecs en costume de chez Cerruti, les mecs Valentino, cette masculinité-là… Leurs coupes m’ennuient. Je fais tout faire moi-même. Avant, je faisais mes bottes chez mon ami le bottier Capobianco, des modèles que je dessine. Maintenant je les fais faire à Rome. D’ailleurs, je ne les porte que « faites » et bien souples, je demande à une amie actrice de les porter, puisqu’elle fait ma pointure, pour me les faire, avant. Toi, tu chausses du combien ? » Du 37, lui dis-je. « Tu veux porter une paire pour moi, pour les casser ? »
Avant de céder à ses caprices, j’ai envie de lui parler de mes lubies : ses vieux tubes culte. Christophe peut-il échapper à ce passé de chanteur presque yéyé, redevenu subitement à la mode (même Christine and The Queens s'y est mise, avec sa reprise des Paradis Perdus) ?
S’il reconnaît que « pour les autres », il reste l’interprète d’Aline et des Mots bleus, avec cette tournée et son prochain album en préparation, il veut montrer un autre aspect de sa musique, plus expérimental, « vers l’inconnu » : « Dans ma tête, je ne suis pas un chanteur ; j’ai fait de la peinture, de la sculpture… Pour moi, je fais de la peinture sonore. Souvent les gens de ma génération disent que la musique, c'était mieux avant. Je ne suis pas d’accord. Je m’éclate avec la technologie qu’on a maintenant. »
Et pour en revenir à la sempiternelle chanson bleue, il se souvient qu’après avoir écrit la musique, Jean-Michel (Jarre, ndlr) a fait les paroles tandis qu’ils travaillaient sur Señorita, et qu’il a eu beaucoup de mal à s'adapter au texte : « À l'époque (en 1975), je travaillais avec des synthés et des samplers, je voulais aller plus loin et je trouvais que c'était un peu formaté. Cette chanson, c'était vraiment une surprise. »
Depuis, Christophe n’a eu de cesse de décomposer son personnage légendaire et de s’épanouir dans un univers artistique pluriforme. Après plusieurs collaborations dans le cinéma, – il se défend formellement d’être acteur et insiste sur le fait qu’il soit simplement « de passage » dans ce monde, minimisant ce qu’il appelle des « apparitions » : un rôle étonnant dans le court-métrage d’Ilan Klipper, Juke-Box où Christophe joue un chanteur désuet et solitaire (le film a fait le tour de plusieurs festivals), et un autre rôle dans le moyen-métrage Le Quepa sur la Vilni !, de Yann Le Quellec où il joue un déjanté « monsieur le maire » (sans oublier Quand j'étais chanteur, de Xavier Giannoli (2006), avec Gérard Depardieu et Cécile de France et Déjeuner chez Gertrude Stein, d'Isabelle Prim), Christophe rappelle que c’est la musique qui « toujours l’anime ».
Et ce n’est pas la composition de quelques bandes originale de films – pour la réalisatrice Sophie Fillière, notamment, qui lui donne envie de réitérer l’expérience : « Pas sûr que je continue, je n’étais pas dingue des choix de musique qui ont été fait. Mais c’est le principe : je donne une bande et après, ils se débrouillent avec. J’étais surpris de leur choix mais c’est comme ça. Je passe tellement de temps à être passionné et complètement dans mon projet de nouvel album que je n’ai pas le temps de me disperser, en fait. Le cinéma, c’était une bonne expérience, mais je ne suis pas acteur. Je n’ai plus trop le temps. J'ai adoré faire le court-métrage avec Ilan parce que l'équipe était très légère, mais j'ai pas envie de rentrer totalement dans le format cinéma. On me propose des longs-métrages, mais je n’ai pas le temps de les faire. J'ai envie de rester peinard dans ma tour d'ivoire. »
“ « Le point de rencontre avec la musique, c'est le désir et la femme. Le jour où je n’aurais plus ça, je serai sur mon voilier, je regarderai la ligne d'horizon et la lumière. » ”Sur ce prochain album bien mystérieux, dont la date recule à mesure que ce papier s’écrit, de mars à avril et désormais annoncé pour septembre, Christophe livre quelques indices, en plus de son « casting » de collaborateurs (encore à l’état d’envies lors de notre entretien) : Thom Yorke, le charismatique leader de Radiohead (« Pas pour un duo, je n’aime pas ça, mais pour une ambiance sur le disque ») Scott Walker (The Walker Brothers, Pulp…) et même Trent Reznor, le leader des Nine Inch Nails (« J’adore ce qu’il fait, mais pas le Trent Reznor d’il y a 5 ans, ce qu’il fait dernièrement m’intéresse bien plus que le hard rock primaire »). Christophe nous promet donc un album qu’il aime, forcément, « sinon je ne le sors pas » et très travaillé sur la voix : « Je suis aujourd’hui à l’opposé dans ma façon de créer ; avant je mettais une intro, construisait une chanson de façon assez classique. Aujourd’hui, ce n’est plus possible, je suis en recherche, en analyse… J’écoute mes maquettes, je prends des notes, je réécoute. C’est pour ça que je mets beaucoup de temps. Et j’ai envie de chiader les textes. Je ne fais pas d’albums par obligation, mais parce que j’en ai envie. Il sera aussi très mélodique. »
De plus en plus avinée par notre dîner qui s’étend, je lui demande alors s’il chantera des balades amoureuses, et s’il aime quelqu’un en ce moment : « Le point de rencontre avec la musique, c'est le désir et la femme. Le jour où je n’aurais plus ça, je serai sur mon voilier, je regarderai la ligne d'horizon et la lumière. » C’est clair : le prochain album, aussi désiré se fait-il, nous montrera un Christophe plus poète que jamais.
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