Juke-Box réalisé par Ilan Klipper
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Juke-Box réalisé par Ilan Klipper
BELFORT : ENTRETIEN AVEC ILAN KLIPPER
Arnaud Hallet | 9 janvier 2014 | nous rencontrons
Juke-Box réalisé par Ilan Klipper, est un court métrage français présenté auréolé du prix musical One+One dans la Compétition du Festival de Belfort Entrevues en 2013. Cet entretien a été réalisé dans le cadre d’une sélection de 3 courts métrages sur lesquels nous nous sommes attardés au cours de ce festival. Vous trouverez les deux autres entretiens juste ici.
Peux-tu nous raconter ton parcours ? Comment en es-tu arrivé à faire des films ?
J’étais journalistes pour la télévision. Par ce biais, je me suis retrouvé un jour dans une école de police où des gars se tiraient dessus avec des Taser et se lançaient des grenades de peintures en rigolant. Dans un hangar, ils avaient reconstitué une rue avec des commerces. Ils embauchaient des comédiens pour jouer le rôle des malfrats. Les apprentis policiers les appréhendaient comme s’ils étaient sur le terrain. Je me suis dit que ce décor pouvait être intéressant, notamment dans l’ambiguïté réalité/fiction, et c’est comme ça que je me suis lancé dans mon premier film documentaire, Flics. Le montage a été mené par un dénommé Roger Ikhlef. Un homme formidable qui m’a beaucoup appris.
Est-ce que tu as rencontré Christophe spécialement pour ce projet de film ? D’où vient ce désir de le filmer ?
J’ai rencontré Christophe lors d’une projection à la Cinémathèque. Il est très cinéphile. Comme je l’admire beaucoup, je suis allé lui parler et nous avons sympathisé. Lors de mon précédent film, Sainte-Anne, j’ai assisté à ce que l’on appelle des visites à domicile : des médecins débarquent avec des flics chez des gens qui ont interrompus leur traitement. Ils les hospitalisent alors sans ménagement.
J’ai assisté à une première visite et j’ai découvert l’appartement d’un homme reclus depuis plusieurs mois : il avait troué les murs, arraché les fils électriques, construit des installations étranges… Lors des visites suivantes, à chaque fois que je franchissais la porte d’entrée d’un nouvel appartement, je ressentais une appréhension : « dans quel monde allais-je débarquer ? ». J’ai découvert ainsi une série d’univers parallèles. J’étais fasciné. J’avais moi-même souvent eu envie de me mettre en boule dans un coin lorsque les choses tournaient mal, mais je ne l’avais évidemment jamais fait. Ces hommes et ces femmes avaient renoncé à vivre avec les autres. À cette période, lorsque je levais la tête dans la rue et voyais des volets fermés ou des rideaux tirés en pleine journée, je ne pouvais m’empêcher d’imaginer que quelqu’un était là, derrière, enfermé dans son délire.
J’ai longtemps gardé en mémoire le souvenir de ces mondes parallèles mais je ne trouvais pas de façon intéressante de les adapter au cinéma. Puis est venue la rencontre avec Christophe. J’ai rapidement pensé que Christophe avait un fort potentiel cinégénique. Du fait de sa personnalité hors norme, de son mode de vie décalé, je me suis mis à l’imaginer dans le rôle d’un « marginal » et j’ai repensé à mon désir de faire un film autour d’une « visite à domicile ».
Christophe est un homme curieux. Quand on le côtoie, on en vient rapidement à se poser cette question : « est-ce qu’il est un peu fou ou est-ce que c’est un original ? ». Sa façon de parler, ses mimiques, sa gestuelle, tout son être est surprenant. Quand le spectateur le verra dans le film, il se dira : « ce type a quelque chose de bizarre, mais je ne sais pas quoi ». En faisant des essais avec lui, je me suis rendu compte que, même s’il n’était pas comédien, il dégageait une étrangeté qui lui permet d’habiter spontanément le rôle d’un homme un peu « fou ». C’est ainsi que j’ai écrit « Daniel » : en m’inspirant de la personnalité de Christophe, et en l’adaptant au souvenir que j’avais gardé des visites à domicile.
Le personnage porte effectivement le vrai prénom de Christophe : Daniel. Mais tu as changé le nom de famille. Est-ce que tu le considère comme un pur personnage de fiction ? Comment as-tu travaillé au scénario ?
J’ai écrit ce film en essayant d’imaginer ce que Christophe aurait pu devenir, si après avoir connu la gloire dans les années soixante, il était tombé dans l’oubli. Ce n’est d’ailleurs pas si loin d’être vrai, puisque Christophe a lui-même connu une carrière en dents-de-scie. Il sait ce que signifie être dans le creux de la vague, ne plus faire la Une des médias. J’ai donc imaginé Daniel comme un Christophe qui aurait mal tourné. Après avoir connu la gloire, il est retombé dans l’anonymat. Un personnage mélancolique, dont on ne sait pas si la souffrance psychique est consécutive de sa déchéance ou si elle en est la cause. Il est écoeuré par le succès des autres et par le buzz que les médias créent autour de ces nouvelles stars. La réussite fulgurante de ces jeunes talents le renvoie à son passé d’icône et cela le rend amer.
J’ai voulu, à travers cette figure de l’artiste déchu, évoquer certains sentiments liés à la création : la solitude, le ressentiment à l’égard de ceux qui percent, le besoin obsessionnel d’être compris, l’impossibilité de l’être, la dépendance de l’opinion publique dans ce qu’elle a de plus aléatoire, et cela d’autant plus dans notre société surmédiatisée. Pendant que certains artistes sont reconnus, d’autres sont incompris, tels les poètes maudits, versant à l’occasion dans la démence. Christophe est une icône. Le voir jouer le rôle du poète maudit provoque une interrogation chez le spectateur : a-t-il vraiment fini comme ça ? Le film est d’ailleurs volontairement ambigu sur l’identité réelle de Daniel : est-ce Christophe ou non ? C’est une question que se pose le spectateur, notamment quand il voit les photos de Christophe jeune. Est-ce une fiction ou un documentaire ? C’est une question à laquelle je ne souhaite volontairement pas répondre. Il y a suffisamment d’indices dans le film…
Est-ce que tu t’es posé la question de la nécessité du dernier plan, de générique ? Le plan précédent est très fort parce qu’il fait grimper très haut la puissance créatrice, même fragile, fêlée, on la sent prendre corps. De revenir à une certaine inertie est un geste assez violent.
Alors que tout au long du film nous voyons Daniel confus, désordonné, lorsqu’il se met derrière ses instruments, il est alors parfaitement à sa place. Il est là, le véritable artiste : dans son antre, loin des médias, seul en train de réaliser son œuvre. Le cœur du film tient dans ce choc visuel : d’abord un homme isolé, hagard, puis tout à coup un artiste dans sa création. Inaccessible par sa personnalité, l’artiste émerge dans toute sa force quand il donne à entendre son œuvre.
Pour cette scène, Christophe a composé un morceau inédit. Un morceau qui résume à lui seul les intentions du film : la musique est d’abord inaccessible, confuse, à l’image de Daniel. Puis elle prend progressivement forme et se transforme en quelque chose de mélodieux, puissant. J’ai décidé à la dernière minute de ne pas finir le film sur ce morceau. J’ai beaucoup hésité, mais aujourd’hui cela me paraît un choix judicieux. C’est une fin plus ambivalente.
Dans la salle à Belfort, il y avait pas mal de lycéens qui n’avaient pas l’air de connaitre Christophe. T’es-tu posé la question de la réception des spectateurs qui n’auraient jamais entendu parler de lui ?
J’ai été primé à Belfort par un jury de lycéens. Connaissaient-ils Christophe ? Je n’en sais rien. En tout cas le film leur a plu.
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