« Les Vestiges du Chaos », 13ème album de Christophe
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« Les Vestiges du Chaos », 13ème album de Christophe
Musique
Published on mars 7th, 2016 | by Thibaut Octave
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« Les Vestiges du Chaos », 13ème album de Christophe
Tags: Anna Mouglalis, Chanson française, Christophe, Les Vestiges du Chaos, Musique, Pop
Thibaut Octave Le beau ce sont les marques. La bête, c'est moi. 30 ans. Je travaille dans la comm' digitale. J'aime la bonne musique, le luxe, les cigares et les jolies montres. J'ai été cadreur/monteur dans une autre vie. Les belles images et les jolies histoires sont ma passion.
Published on mars 7th, 2016 | by Thibaut Octave
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« Les Vestiges du Chaos », 13ème album de Christophe
Il y a quelques temps j’ai pu écouter « Les Vestiges du Chaos« , 13ème album de Christophe (oui oui « Les Mots Bleus », « Aline », etc.) lors d’une écoute privée au Silencio. Cette légende de la chanson française sortira son album le 8 avril de cette année qui va dès sa sortie se classer parmi les inratables de 2016. Entre pop et électro on est parti pour s’en prendre plein les oreilles au travers de 12 morceaux (+1 inédit).
Dans « Les Vestiges du Chaos », Christophe part du postulat que chaque être humain porte en lui son chaos intime. Cet album est une véritable claque qui prend à contrepied tout ce que vous pouvez penser du septuagénaire qui prouve qu’il sait se renouveler à chaque fois qu’il sort un nouvel opus. On parle d’un « big bang originel forgé à partir de souvenirs d’enfance, d’émotions déflagratoires, de pensées magiques, de mélodies happées au vol, de rythmes primitifs, d’images furtives imprimées à jamais dans son cortex et qui constituent le disque dur de sa mémoire ». Son album ne laisse pas indemne, on en ressort un peu différent comme après un bon film, la musique nous a apporté quelque chose, nous a raconté une histoire. Et justement, « Les Vestiges du Chaos » (titre de la chanson co-écrite avec Jean-Michel Jarre) est un album ultra cinématographique. Tout ce que vous écouterez dans cet album vous laissera une trace dans le coeur et des images dans la tête.
Le dandy de la musique française, cet homme « un peu maudit, un peu vieilli » à la voix de soie rose froissée dit de lui « Aujourd’hui, je suis ce que je suis. Les vestiges, c’est toute la poussière que je traîne… ». C’est bien poétique n’est-ce pas ? Après 8 ans de travail (après « Aimer Ce Que Nous Sommes ») et des dizaines de chansons écrites sur ses trois précieux pianos, (aussi précieux que sa Porsche Carrera qui dort dans son garage depuis son retrait de permis… Oups) Christophe nous livre un album auquel on ne croyait plus à force d’y croire. Alors vous me direz qu’il a bien sorti une collection d’inédits avec « Paradis Retrouvé » en 2013 et « Intime » en 2014, où il revisitait, en version ultra-dépouillée, ses titres les plus mythiques, mais là on est à un tout autre niveau. Christophe est contemporain, moderne, voire même révolutionnaire, complètement éblouissant. On est en plein dans la continuité de l’artiste que l’on connaît bien. Cet album est excitant, expérimental, grandiose. Bienvenue dans un album-monde
On commence par « Définitivement » un titre résolument électro où on reconnaît à peine la voix de Christophe. Ça bouge, ça danse. On se fout presque du texte tant la musique impose son style et nous enlace. Avec « Océan d’Amour » on retrouve le Christophe que l’on connaît. Des textes beaux et plein de lyrisme. On en aime la langueur et la réverb. On se croirait presque à des débuts. On retrouve nos marques avec une touche de modernité. Les synthés sont bien présents et nous font voyager par nappes. C’est très très beau pour un peu que l’on se laisse envelopper.
Puis changement d’ambiance sur « Stella Botox ». Plus sensuelle, plus sexy. La guitare et les bongos résonnent et passent derrière la voix contrairement à « Océan d’Amour » où Christophe s’effaçait presque. Sur ce morceau on s’électrise à grosse dose. On imagine Stella danser contre nous et on a chaud ! On la suivrait au bout de la nuit. « Lou » prend la parole. Du piano très doux puis plus fort. Il prend aux tripes comme une histoire d’amour. Christophe nous emmène dans un amour innocent, un amour de jeunesse. J’ai l’impression d’être sur une plage un soir d’été quand j’avais 18 ans (et les cheveux longs, don’t ask). « Lou » est belle et sensuelle, joyeuse et mélancolique, prenante et lointaine. C’est une jeune fille qui refuserait presque de devenir une femme, elle retient sa jeunesse comme on retient la fumée d’une cigarette. Elle s’énerve aussi et agresse presque avec des rifs de guitare électrique quasi stridents. C’est un morceau surprenant qui ne se laisse pas faire. C’est beau !
Christophe change de registre à chaque morceau. Les cuivres et les cordes puis les bois prennent le relais sur « Dangereuse« . Des basses en sourdine qui nous font frémir. Le texte suit et nous fait doucement passer de l’électrique et jeune « Lou » à ce garçon qui se perd avec elle, qui fait ce qu’elle veut sans comprendre vraiment. On sent le désir pour cette femme dangereuse. Parfois la guitare électrique retentit pour donner de la force et une couleur plus rock au morceau et la douce voix de Christophe. « Dangereuse » nous plonge dans un entre deux, entre classique et modernité. Le cul entre deux chaises et cette fois-ci, on kiffe !
L’électro rock d’Alan Vega prend la parole sur « Tangerine » et on n’entend plus du français, mais de l’anglais au début et Christophe reprend en français. Il se dégage de « Tangerine » une aura de club dans le Paris des 70’s. Quelque chose de Saint Laurent, avec beaucoup de sensualité et de fantasque. La musique prend le ventre et nous entraîne sur la piste de danse. On secoue la tête, on tape du pied, la voix d’Alan Vega et le rythme entraînant nous font monter en pression pour nous lâcher sur les accords et la jeunesse éternelle de la voix de Christophe. Fermez les yeux et laissez-vous emporter par le rock’n roll sensuel de « Tangerine ». C’est comme si on était en été, il fait chaud, la fumée et la sueur nous enveloppe.
Fatalement, la rupture est forte avec « Drone« . Le lien électro est là, les synthés aussi, mais c’est beaucoup plus calme. Un morceau beaucoup plus ténébreux avec des nappes de synthés très belles. A contrario de l’élan de « Tangerine » qui pourrait symboliser le début d’une relation passionnée, « Drone » fait plus penser à une rupture ou un moment down de relation. C’est doux et mélancolique, mais on sent une sorte de rage en sourdine. Dans « Drone » la patte de l’artiste et cette couleur qu’on lui connaît transparaît magnifiquement. Il fait une passerelle entre le Christophe d’avant et celui d’aujourd’hui.
On enchaîne sur « Tu te moques » aux sonorités mutine et taquine. Je me la représente comme la jupe d’une fille qui vole délicatement avec le vent. C’est une musique solaire et fraîche, printanière. Avec « Tu te moques » c’est comme si on revenait à une musique moins consciente, plus innocente. L’âge adulte n’est plus, on retombe en adolescence et on va plus loin dans la romance avec « Les mots fous » et son électro dansante. C’est une musique qu’on verrait bien en club l’été. « Les mots fous » représente cet amour un peu con que l’on peut ressentir quand tout va bien et que l’on n’a pas encore tout dit. On a envie de se laisser porter et vivre, de danser au bout de la nuit et de se moquer du reste. Pas de responsabilité, pas de problème, juste de la beauté. Nous aussi on les veut ces « mots fous ». Nous aussi on veut danser en entendant ces mots fous.
Pour les fans de Jean-Michel Jarre et de ses fameux lasers, « Les Vestiges du Chaos » sonne une collab quasi naturelle entre Christophe et Jean-Michel. C’est un morceau plus affirmé, plus dur. « Tu m’as tatoué sur la peau tous les vestiges du Chaos ». L’homme a grandi et a muri. Il en a pris dans la gueule et mène sa bataille. Le morceau contient une rage vibrante et présente. La voix douce de Christophe ne change rien au fait qu’on se prend les nappes de synthé comme des gifles, on se laisse pénétrer par la guitare électrique qui arrive à la fin du morceau. On sent l’énergie et la force de la musique nous prendre aussi. C’est tellement contemporain qu’on en est presque désarmé. Je ne connaissais pas Christophe comme cela.
La fin de l’album arrive avec un peu de piano pour commencer l’avant dernier morceau « b » qui débute comme une comptine. Christophe ne chante d’ailleurs pas, mais parle. Il raconte cette histoire. Il change de discours et n’est plus en colère. Il est amoureux. On est amoureux avec lui. Il chante et pose sa voix nous entraînant dans son délire. Dans « Ange Sale » on a envie de se repentir de nos erreurs d’homme amoureux, de demander pardon et si on peut avoir une nouvelle chance. Allez s’il te plaît. On aime l’espoir qui sort de la chanson et nous fait du bien. On voit un peu l’aube au bout de la nuit (pardon, c’est la faute de Christophe). On se sent bien, c’est presque la fin d’un teen movie.
On termine enfin cet album haletant. Tu connais Anna Mouglalis ? Tu en es amoureux aussi. Et bien sur « E Justo » elle pose sa voix et ça donne des frissons. On entend des voix d’enfants sur le début du morceau, comme une cour de récré. La musique est belle et un peu triste. Comme si l’histoire d’amour s’était terminée et qu’il n’y avait pas eu de happy end, qu’on était plusieurs années plus tard et qu’on retrouvait les personnages. On a encore cet espoir fou que ça se termine bien, mais une certaine désillusion. Les gamins parlent en italien. C’est d’ailleurs leurs voix qui concluent l’album. Christophe s’efface pour laisser parler d’autres que lui et fait la place à la musique et une note plus sombre avec la voix de Mouglalis qui s’adresse à l’auditeur. C’est beau et conclut en merveille cet album cinématographique. Ce film fou où jeunesse, amour, beauté, lyrisme et plaisir se mêlent.
Je crois que vous l’avez compris, je suis plus qu’emballé par « Les Vestiges du Chaos ». Il sera sûrement l’un des albums les plus importants de cette année. En tout cas je le souhaite. Et puisque Christophe ne fait pas les choses à moitié il livre en plus des 12 titres de son album, un 13ème qui s’appelle « Mes Nuits Blanches » et sera sur la version deluxe. C’est le seul morceau bonus qui sera sur cette version de l’album. C’est plus électro et différent de la couleur globale de l’album. Même si certains morceaux sont résolument teintés d’électro, là on a du rap, des nappes de synthés et la voix cristalline de Christophe pour un morceau fou ! Le duo est avec Les Orties et ça sonne tellement bien !
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