Transports: la formule Bevilacqua

[david]

Je mets Bevilacqua parmi les plus beaux albums de Christophe. Sorti en 1996 dans une indifférence quasi générale, nous étions tout de même quelques uns à l'écouter en boucle au milieu de ces 90's indécises, coincés entre rock grunge et techno-boum-boum. Il ne faut pas oublier que si aujourd'hui Christophe, devenu culte, appartient au cercle restreint des grands formats de la chanson, à l'époque le dernier des Bevilacqua sortait d'une zone de turbulences artistiques, amoureuses et financières. Une femme l'avait trahi en prenant part à une escroquerie sur la vente de sa collection de disques de blues rares. Trahi, dépouillé et blessé, le collectionneur de pin-up - c'est un fan de Bettie Page dont une photo figure dans le livret - en tira Label obscur, une compo sous tension rendue plus douloureuse encore par les parties de guitares fiévreuses et envoûtantes de Patrice Tison, Todd Cousin et Boodjie Guerdjou, ce dernier étant crédité comme co-producteur artistique de l'album. Les musiciens pointus ont su donner aux chansons de Bevilacqua ce son directement influencé par les anglo-saxons - et quelques aventuriers allemands - qu'on entendait alors sur les disques de Bashung. Qu'est-ce qu'on attend pour rééditer cette galette sur laquelle son pote Alan Vega assure des backing vocals (Rencontre à l'as Vega) et où une superbe ballade dit l'admiration que porte son auteur à Enzo Ferrari ?